Centre-Val de Loire, Loiret (45)
Griselles, Église Saint-Aignan
Édifice
Attestée à partir de 1164, la paroisse de Griselles fut, jusqu’à la Révolution, placée sous la dépendance étroite de l’abbaye bénédictine voisine de Ferrières. Datable, dans ses grandes lignes, de la fin du XIIe s. et profondément remaniée au XVIIe s., l’église actuelle est dédiée à saint Aignan. Elle tirerait son origine d’une chapelle seigneuriale affectée à la paroisse après la destruction, au cours de la guerre de Cent Ans, du lieu de culte primitif ; cette chapelle correspondrait au chœur actuel, ce que l’analyse archéologique ne contredit pas.
De plan approximativement rectangulaire, l’édifice se compose de trois parties bien distinctes, aux toitures d’inégale hauteur : un chœur à deux travées, dont la voûte d’arêtes est curieusement traversée par un arc doubleau, et qui se prolonge par une abside également voûtée d’arêtes, à chevet droit ; une nef couverte d’un berceau lambrissé et flanquée, au nord, d’un bas-côté aux travées de longueurs variables, sur lesquelles ont été tardivement posées, sans doute au XIXe s., de fausses voûtes d’ogives en briques et plâtre ; un porche ou « caquetoire » maçonné du XIXe s., adossé à la façade principale et rachetant, par un emmarchement de pierre, la différence de niveau entre les sols extérieur et intérieur. Un clocher de charpente de même époque, surmonté d’une flèche cantonnée de quatre clochetons, s’élève au-dessus de la partie ouest du chœur. Enfin, une sacristie, datable elle aussi du XIXe s., occupe l’angle formé par le collatéral nord et le chevet. Introduisant un contraste chromatique, les toitures sont couvertes de tuile plate (porche, nef, chœur) et d’ardoise (collatéral, clocher).
Une fois la porte franchie, l’effet produit par cet ensemble de prime abord disparate est plutôt harmonieux. L’unité de l’ensemble doit beaucoup aux arcs brisés chanfreinés qui subdivisent l’espace intérieur et aux piliers massifs qui les supportent ; ces piliers se signalent par la variété de leurs formes et de leurs tailloirs, témoignages des remaniements subis par l’édifice.
L’église possède un intéressant mobilier ; on citera, en premier lieu, les fonts baptismaux en pierre du XVe s. (cl. MH), placés au centre de la première travée du bas-côté nord. Leur cuve hexagonale moulurée est supportée par un piétement portant des armoiries sculptées en relief. On signalera encore un banc d’œuvre avec l’inscription Lafon, menuisier à Ferrières, un Christ en croix en bois polychromé signé Lemaire, une Vierge à l’Enfant en terre cuite peinte, ainsi que deux tableaux figurant, l’un, la Cène, et l’autre, un enfant bénissant (Jésus ?), le tout datable du XIXe siècle.
Ce mobilier s’est très récemment enrichi de la présentation, sous vitrine, de l’ancienne horloge du clocher. Datée de 1865, celle-ci a été redécouverte en 2011, à l’occasion des travaux de restauration de l’édifice. Elle avait été reléguée dans les combles dans les années 1970, au moment de son remplacement par l’actuelle horloge électrique. Un remarquable travail de remise en état a permis d’en comprendre le fonctionnement dans les moindres détails[1].
La Sauvegarde de l’Art français a soutenu, en 2012, une première tranche de restauration des couvertures et des maçonneries extérieures de l’église (chœur et clocher) à hauteur de 7 000 €, puis une seconde, en 2013 (nef), à hauteur de 5 000 €.
Gilles Blieck
Bibliographie :
F. et G. Thouvenot, Églises du Gâtinais, Montargis, 1971, p. 92.
Légendes des figures
- Plan (Th. Leynet, arch.)
- Vue générale du nord.
- Façade occidentale et « caquetoire ».
- Vue du chevet.
- Vue intérieure vers le chœur.
- Le collatéral nord vers l’ouest ; au centre, le banc d’œuvre.
- Les fonts baptismaux.
- L’horloge de 1865.
[1] Voir à ce sujet le site internet de l’association « Histoire de Griselles », où l’on trouvera aussi un diaporama retraçant les étapes de la restauration de l’église : www.histoiredegriselles.com/