Normandie, Calvados (14)
Grangues, Église Notre-Dame
Édifice
Non loin de la vallée d’Auge, l’église de Grangues se dresse au flanc d’un côteau d’où jaillit une source placée depuis des temps reculés sous le patronage de saint Roch.
Cet édifice dédié à Notre-Dame a été remanié plusieurs fois depuis sa construction au xne s. et, malgré la disparité de certaines ordonnances, il garde un volume intérieur très simple et un aspect extérieur unifié.
La nef, formée de trois travées, date de la construction d’origine, bien que ses murs aient été repris au xve siècle. Elle est séparée d’un chœur à deux travées par un arc triomphal bâti en même temps que le chœur au xme s. Cet arc est formé de plusieurs rouleaux qui reposent sur des chapiteaux aux tailloirs godronnés. Ils sont décorés de feuillages abritant des têtes d’homme ou animales. L’arc a dû être étayé d’urgence en 1989, à la suite de nombreux désordres provoqués par le déversement des murs vers l’extérieur. Une restauration récente a cherché à reconstituer une certaine polychro- mie. Le chœur se termine par un chevet plat.
L’église, élevée sur un seul étage, est éclairée par des ouvertures dont les formes variées attestent l’évolution des techniques et des styles.
Les murs de la nef qui datent de l’origine de la construction sont percés côté nord de deux fenêtres étroites en plein cintre. La façade ouest possédait deux ouvertures similaires dont il reste un seul exemplaire.
Dans le chœur élevé au XIIIe s., l’ordonnancement primitif des percements est toujours visible. Des ouvertures étroites et en plein cintre présentent à l’extérieur une archivolte en arc légèrement brisé, décorée dans la voussure d’un tore reposant sur de fines colonnettes dont le chapiteau offre un décor floral. Cette même structure se retrouve à l’intérieur, un très fort ébrasement étant lui-même cerné d’un tore continu. Deux de ces ouvertures sont percées au milieu du chevet plat, trois autres éclairaient le côté nord, mais deux d’entre elles ont été incluses dans une sacristie déplacée au XIXe s. La même disposition devait exister symétriquement sur le côté sud du sanctuaire. Un seul exemplaire en a été conservé au-dessus du portail. Une grande fenêtre ouverte plus tardivement et qui possédait encore ses remplages au début du siècle a masqué les ouvertures primitives, dont certaines traces ont été retrouvées dans les murs lors des récentes restaurations.
Les murs goutterots qui ont été reconstruits au xve s. présentent : sur le mur nord, au niveau de la troisième travée de la nef, une fenêtre rectangulaire séparée par un meneau ; sur le mur sud, au niveau de la première travée de la nef, une grande ouverture plein cintre est sans caractère. Le mur constituant les deux autres travées, bien que datant de l’origine de l’édifice, est percé de deux fenêtres postérieures de style flamboyant, avec remplage.
Au niveau de la première travée du chœur, côté sud, une petite ouverture rectangulaire est . surmontée d’un arc en accolade.
Le voûtement de la nef est en bois avec entraits et poinçons. La voûte du chœur a été refaite en berceau au XVIff s. Toutefois, des sondages ont pu mettre à jour des indices d’un voûtement d’origine nervuré. Dans l’angle formé par le mur, des traces de colonnettes avaient pour fonction de recevoir les retombées d’arcs. Des éléments entrant dans la composition de ces colonnes ont été retrouvés dans la maçonnerie des murs, en particulier dans la partie comblée de la fenêtre sud datant du XIff s.
Deux portes donnaient accès à l’église dès le XIIIe s. Sur le mur sud, une entrée ouvrait sur le chœur. Sous une archivolte en plein cintre, deux voussures ornées de tores de diamètres différents reposent sur de fines colonnettes à chapiteaux dont la sculpture a pratiquement disparu par suite du délitement de la pierre. Les voussoirs extérieurs étaient garnis d’un décor de billettes, étoiles et têtes de clou dont il reste quelques fragments.
Le portail occidental est surmonté d’un élégant arc en tiers-point qui abrite sous la voussure un tore reposant sur des colonnettes à chapiteaux sculptés également très abîmés.
Sur des modillons creusés en scotie et soutenant la corniche, on peut encore apercevoir quelques traces de sculptures : visage humains frustes et feuillages. Un cordon sur lequel s’appuyaient les fenêtres primitives ceinture les murs de l’église.
Des contreforts plats à glacis (dont deux romans sur le mur nord) épaulent les murs goutterots au niveau des travées, ainsi que le chœur et la façade.
Un clocher-mur termine le rampant du mur pignon. Il était à l’origine couvert d’un simple glacis à ressauts, percé de deux baies rectangulaires. Il est maintenant dissimulé sous une volumineuse couverture d’ardoise réalisée au xrxe s. après avoir écarté un projet de flèche charpentée soumis par l’architecte Baumier. Le tout est surmonté d’une croix en fer et d’un coq en cuivre.
A l’intérieur de l’église, une piscine du XIff s, signalée par Arcisse de Caumont a été retrouvée derrière les lambris. Une seconde piscine de style gothique flamboyant est placée dans la nef près de l’autel dédié à saint Roch. La statue de ce saint datée de 1693 est peut-être contemporaine de l’autel de la Vierge, provenant de la chapelle du château de Grangues. Le groupe de la crucifixion en bois polychrome, rare exemple où sont représentés ensemble la Vierge, saint Jean et le Christ en Croix, est placé sur le dernier entrait de la nef, formant poutre de gloire. L’autel Notre-Dame présente une agréable statue d’une Vierge à !’Enfant du xvne s. L’église possède également trois grandes toiles provenant de retables dont une Assomption de la Vierge signée et datée « La Haye Cagniard Pinx 1727 ».
Cette petite église agreste, encore entourée de son cimetière, est un témoignage attachant de la pérennité de la construction médiévale malgré les remaniements qu’elle a dû subir au cours des siècles. Ces modifications ont sans doute été rendues nécessaires par la préseq_ce dans le sous-sol de terrains argileux provoquant tassements ou glissements de terrain et ont conduit les architectes à des reprises au xve s. et au XIXe s., afin de remédier aux désordres gue subissait la maçonnerie. Au cours des dernières années, l’humidité ayant détérioré les structures soutenant l’arc triomphal et entraîné sa déformation, ce dernier a dû être étayé en 1989. D’importants travaux de restauration ont été entrepris pour la consolidation et la mise en valeur de l’édifice au cours des années 1991 et 1992.
Le projet en images
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