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L’église de Grandfresnoy faisait partie d’un prieuré qui dépendait, depuis l’époque carolingienne, de l’abbaye bénédictine de Charroux en Poitou. Ce prieuré, dédié au Sauveur, abritait en 1471 six moines et devait verser à l’abbaye-mère la somme de 60 livres par an. Dans les caves de l’actuel presbytère, à l’ouest de l’église, quatre travées voûtées d’ogives retombant au centre sur une colonne à chapiteau orné de crochets, sans doute du XIIIe s., sont tout ce qui subsiste du prieuré.

L’église, reconstruite pour l’essentiel aux XVIe et XVIIe s., traduit par son échelle monumentale son statut privilégié de priorale. L’établissement ecclésiastique était dans la première moitié du XVIe s. un des établissements religieux les plus opulents du diocèse de Beauvais, immédiatement  après les abbayes de Saint-Lucien de Beauvais et de Beaupré.

Il est probable qu’Odet de Coligny, frère de l’Amiral, nommé évêque de Beauvais en 1535, excommunié en 1563 pour être passé au protestantisme, joua un rôle dans la première phase de reconstruction de l’église priorale dont on suppose qu’il fut abbé commendataire avant son excommunication en 1563.

Le portail sud, à la base du clocher, du XVIe s. également, est particulièrement soigné. C’est un témoignage de qualité de la sculpture monumentale de la première Renaissance. Entre le portail et le tympan vitré sommital prend place une large portion de mur animé par une archivolte dont le tracé évoque une cloche. Au centre, une niche abrite une statue du Sauveur.

Quand le chantier de reconstruction fut interrompu vers le milieu du XVIe s., la partie inférieure du clocher était achevée jusqu’au sommet de la baie qui surmonte le portail sud. Des pierres d’attente et une amorce de piédroit sur le contrefort sud-est du clocher témoignent du projet de construction d’un vaisseau de même hauteur. Les guerres de Religion empêchèrent la réalisation de ce projet monumental.

Sous le prieur Guy Loisel (c.1600-1631), le chantier de construction fut repris. On lui doit vraisemblablement l’achèvement du clocher avec le beffroi coiffé d’un lanternon, ainsi que la construction du transept et du chœur avec abside polygonale. Le remplage des grandes baies à lancettes couronnées en arc surbaissé et oculi ovoïdes serait de la même période ainsi que les bâtiments du prieuré dont une cheminée de la salle haute est datée de 1620. Sous le priorat de son neveu, Antoine Loisel (1631-c.1641), Grandfresnoy fut occupé par les Espagnols. On rapporte, sans preuves, que les habitants les attaquèrent depuis la tour de l’église où ils s’étaient retranchés. Le successeur d’Antoine, Jean-Pierre Duchalard (1641-après 1691) offrit en 1663 la grosse cloche de l’église, encore conservée.

C’est aux paroissiens qu’incombait la construction de la nef. Faute de moyens, seul fut construit le collatéral sud, selon un parti plus modeste que le projet initial de la première moitié du XVIe siècle. Les piliers du vaisseau central furent implantés ainsi que le départ des voûtes, mais le couvrement de pierre ne fut jamais mis en place. Des pierres d’attente sur toute la hauteur d’une des culées du contrefort d’angle nord-ouest du bras nord indiquent qu’à l’instar du flanc sud, on projetait la construction d’un ample collatéral nord le long du vaisseau central. Faute de moyens, le bas-côté nord antérieur, plus étroit, fut finalement conservé et percé simplement de deux baies. Une portion du mur gouttereau nord du vaisseau central, visible à l’extérieur, laisse reconnaître les petites fenêtres hautes initiales du XIIe s., qu’on aveugla en prévision du couvrement d’ogives, jamais réalisé.

Le prieur Gabriel de Montmorillon (1770-1777) offrit le maître-autel du chœur peu de temps avant la suppression du prieuré, décidée en 1779.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 10 000 € en 2005 pour les travaux d’assainissement de la façade sud et la restauration du porche sud du clocher.

Dany Sandron

 

Bibliographie :

  1. Ansar, Notes historiques sur Grand-Fresnoy et son prieuré, texte dactylographié, mars 1976.

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