Viarmes, Musée d’Histoire locale, Graffitis de la Grande Guerre

Ces graffitis ont bénéficié d’un généreux don du Crédit Agricole – Ile de France dans le cadre de la campagne du Plus Grand Musée de France pour leur restauration.

L’oeuvre

Au 10 rue du Gaudron, à Viarmes dans le Val d’Oise, se trouve une ancienne grange abritant des graffitis. La mairie souhaite les présenter dans le musée d’histoire locale. Pour ce faire, les graffitis seront déposés et remontés sur panneaux grâce à l’intervention d’une restauratrice, intervention qui fait l’objet de l’appel à mécénat.

Pourquoi Viarmes ?

Dans le Val d’Oise, nous sommes loin de la guerre de tranchées. Les troupes allemandes n’ont même jamais atteint Viarmes. Cependant, des soldats ont séjourné à Viarmes, utilisé comme base arrière du front. Des documents de la vie quotidienne l’attestent : un procès-verbal constatant que des chevaux du régiment 27 ont cassé deux vitres, des photographies des fantassins dans les rues du village et même des cartes postales de Poilus remerciant les Viarmois pour leur excellent accueil !

Graffitis et soldats

Les soldats de la Grande Guerre dessinent et leurs œuvres font aujourd’hui l’objet d’une reconnaissance. Témoignages de première main de la vie militaire et reflétant l’expression de la culture du front, les graffitis sont une source historique étudiée et partagée au grand public par des expositions comme celles organisées dans le cadre de la célébration du Centenaire. Loin d’être un phénomène isolé, les graffitis de Viarmes s’inscrivent dans ce mouvement.

Quelques graffitis plus précisément

Huit panneaux comprenant des graffitis sont concernés par cette dépose. Arrêtons-nous sur trois d’entre eux pour mieux comprendre l’enjeu de cette sauvegarde. Deux graffitis, parmi les mieux conservés, sont des portraits de fantassins : un du 254ème régiment et un du 208ème. Concernant le fantassin du 254ème régiment, le dessin de l’uniforme nous permet de dater ce dessin car le port du calot apparaît en 1916. Le numéro du régiment est indiqué sur le collet. La mention du régiment montre le fort sentiment d’appartenance à un groupe constitutif de l’identité du soldat. Il nous permet également d’imaginer le parcours du soldat durant la Guerre. En 1916, ce régiment combat dans la région de Verdun où il connaît un sort tragique et est dissous : « C’est à Cumières que le 254e R. I. est mort en beauté, le 23 mai 1916. C’est à Cumières qu’il a été enseveli dans sa Gloire. »

Le fantassin du 208ème régiment, lui, est accompagné d’un profil de la femme qui mérite également qu’on s’y arrête. La représentation féminine est omniprésente dans les productions littéraires et picturales des soldats. Souvenir de l’être aimé ou besoin affectif, ce couple nous émeut par le soin apporté au profil féminin. Le troisième panneau ne comprend que des animaux dont un cheval. La représentation de ce dernier montre l’importance de cet animal dans la Grande Guerre. Animal de traction, le cheval est omniprésent dans les lignes arrière où il a un rôle logistique et tactique essentiel pour l’armée française. Le départ ces animaux pour la guerre n’est pas un événement mineur : si le cheval est une force de travail essentielle de la Belle Époque, il est aussi le compagnon des agriculteurs. Cette complicité se retrouve dans les témoignages laissés par les soldats dont ce graffiti est un bon exemple.

Sauver une oeuvre d’art

Transmettre l’histoire locale

Le sauvetage de ces graffitis permettra d’enrichir le musée d’histoire locale de Viarmes car ils ont vocation à figurer en bonne place dans son parcours permanent. Ce musée a pour mission de recueillir et transmettre la mémoire du territoire en mettant en valeur aussi bien les épisodes remarquables que la vie quotidienne des habitants. Les deux guerres mondiales sont un axe fort de ce programme que l’intégration des graffitis permettra de repenser. Ils ont toute leur place ici au croisement entre histoire mondiale et histoire Soldat du 254 locale.

Marie Soulard, Élève conservateur du patrimoine l’INP, spécialité Monuments historiques et Inventaire