Hauts-de-France, Pas-de-Calais (62)
Gouy-Saint-André, Église Saint-Martin
Édifice
L’église de Gouy-Saint-André, dédiée à saint Martin, relevait sous l’Ancien Régime du diocèse d’Amiens. Elle est citée dès 1123 dans une charte de l’évêque Enguerrand qui en accordait le patronage à l’abbaye de Saint-Josse-sur-Mer.
L’édifice se compose d’une haute tour à l’ouest, suivie d’une nef de deux travées et d’un chœur terminé par un chevet à trois pans contre lequel s’adosse la sacristie. La nef paraît être la partie la plus ancienne, comme semble l’indiquer la présence de deux baies murées en plein cintre, de style roman, visibles l’une au mur nord, l’autre au mur sud. Des travaux l’ont transformée au XIXe siècle. Un réduit a d’abord été bâti dans l’angle nord-ouest pour abriter les fonts baptismaux. Puis, dans les années 1860, deux chapelles ont été ajoutées pour former un transept, une fausse voûte sexpartite a remplacé l’ancien plafond lambrissé et des baies en arc brisé ont succédé aux fenêtres carrées et irrégulières.
Le chœur, plus élevé et plus large que le vaisseau, forme un ensemble homogène, de style flamboyant, antérieur à 1587, date indiquée sur un graffiti que l’on peut encore lire à l’extérieur, sur le flanc nord. Il est couvert de voûtes d’ogives à liernes et tiercerons, retombant sur des culots sculptés de feuilles de vigne, de lierre et de chêne. Les clés sont ornées de motifs variés parmi lesquels on relève un calice, les instruments de la Passion, un ange soufflant dans une trompe et le tétramorphe au rond-point. Sept baies en arc brisé, surmontées d’une archivolte retournée, éclairent généreusement le sanctuaire ; la fenêtre de l’abside est aujourd’hui murée. À droite de l’autel, une belle piscine, à voussure appareillée en trois rouleaux, fait pendant à la porte percée dans le pan nord du chevet et conçue sur le même modèle. Cette dernière donne accès à un couloir ouvrant latéralement sur la sacristie bâtie postérieurement et couverte d’une voûte d’ogives.
À l’ouest s’élève la tour qui a remplacé en 1673 un simple campenard dont on distingue encore des vestiges dans le mur oriental. Des larmiers partagent l’élévation en quatre niveaux à peu près égaux. Le rez-de-chaussée conserve une belle voûte d’ogives sexpartite ; celle de l’étage a été brisée à la Révolution pour permettre le passage des cloches. Le porche de style classique a été ajouté en 1775. Le fronton présentait autrefois une inscription gravée pendant la Terreur : « Le peuple français reconnaît l’Être suprême et l’immortalité ».
L’édifice abrite deux remarquables pièces de sculpture : une effigie en pierre de la Vierge à l’Enfant, représentée à mi-corps sur un socle orné du serpent mordant une pomme au milieu de feuillages ; une magnifique statue du Christ en croix, sculptée dans le chêne, plus grande que nature, due au ciseau du baron Simon Pfaff de Pfaffenhoffen (1715-1784). Ces deux œuvres proviennent de l’abbaye voisine de Saint-André-au-Bois, fermée à la Révolution.
En 2005, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 7 000 € pour la réfection du clocher et du porche.
Patrick Wintrebert