Île-de-France, Yvelines (78)
Goupillières, Église Saint-Germain-de-Paris
Édifice
La construction de l’église primitive Saint-Germain-de-Paris semble pouvoir être située au XIIIe s., mais l’essentiel de l’édifice actuel date d’une campagne de reconstruction du XVIe s., campagne menée assez tardivement après les destructions de la guerre de Cent Ans, comme on le voit si souvent en Île-de-France. Le collatéral et le porche ont été ajoutés durant la période classique, tandis que la régularisation des fenêtres et la construction de fausses voûtes en plâtre sont caractéristiques de la fin du XIXe siècle.
Entourée de son cimetière ancien, l’église est construite en moellons et couverte de tuiles plates. Elle s’élève juste au bord d’une rue en pente, sur une terrasse à laquelle on accède à droite par une rampe, à gauche par un escalier de pierre. Le petit parvis est bordé d’un muret de calcaire sur lequel sont posés les courts poteaux de bois moulurés qui soutiennent le porche surélevé, joliment bâti en charpente. Adossé dans l’angle formé par la façade ouest et le clocher, ce porche protège un portail gothique de belle facture construit en calcaire et ouvrant sur la nef. Bien que dégradé par l’usure du temps dans les parties basses, ce portail est encore très intéressant : les piédroits doublés de colonnettes à chapiteaux sculptés de feuilles d’eau et de trèfles soutiennent un tympan en arc brisé bordé d’un gros tore et, sur l’extrados, d’un rang de pointes de diamants. Ce dernier motif orne également les tailloirs. À gauche de la façade, le clocher est très caractéristique du XVIe s. avec son haut toit en pavillon couvert d’ardoises au-dessus d’une corniche en quart de rond. Aux angles, ses contreforts jumelés en équerre, sont soigneusement appareillés en calcaire et munis de larmiers. Sur la face nord, un modillon en remploi représente un visage féminin. On peut encore observer, sur les murs du chœur et de sa chapelle, d’anciens appareillages de fenêtres ; entre les contreforts du mur nord, les arcs bloqués au mortier sont particulièrement intéressants.
À l’intérieur, le rez-de-chaussée du clocher sert de chapelle des fonts baptismaux. Il est relié à la vaste chapelle nord du chœur par un étroit collatéral curieusement construit en pans de bois du côté de la nef. Les poteaux de chêne à pans coupés sont soigneusement moulurés tout comme les sablières qu’ils soutiennent. En partie haute, un cloisonnement sépare la nef du bas-côté pour masquer la différence de hauteur des couvrements. Tandis qu’un inattendu plafond plat a été posé sur la chapelle nord, des fausses voûtes en plâtre couvraient la nef, le chœur et le collatéral. Ce pseudo voûtement de la fin du XIXe s. se combinait maladroitement avec les entraits et poinçons de la charpente restés apparents. Les travaux récents, subventionnés par la Sauvegarde de l’Art français, ont restitué dans son état d’origine le lambris de couvrement. Des vestiges des matériaux anciens heureusement retrouvés sous la fausse voûte ont permis une réfection à l’identique, en planchettes de chêne avec couvre-joints moulurés. L’intérieur a ainsi repris sa cohérence structurelle.
Le mobilier ancien consiste en une série de bancs de bois à dossier, à l’élégante simplicité, quelques verrières de la fin du XIXe s., une barrière de fonte néogothique autour des fonts baptismaux, un rare banc d’œuvre à décor néoclassique dans le bas-côté et surtout l’ensemble formé par un retable et son tabernacle du XVIIe s. assez richement sculpté, mais malheureusement dissocié devant le lambris du chœur.
Pour la restauration des voûtes du chœur, de la nef et du bas-côté, ainsi que le redressement de la charpente, la Sauvegarde de l’Art français a apporté en 2002 une aide de 15 000 €.
Ch. W.