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Située au nord de Béthune, dans une région humide, traversée de plusieurs ruisseaux, l’Église Saint-Pierre de Gonnehem relevait de l’abbaye voisine de Chocques. Elle bénéficia aux XVe et XVIe s. des libéralités de la famille de Nédonchel dont plusieurs représentants, grands personnages de l’État bourguignon, puis du roi d’Espagne, s’y firent inhumer entre 1450 et 1550. Reconstruite dans la seconde moitié du XVIe s.[1], elle constitue une variante artésienne du type des sanctuaires élevés en Flandre maritime, au lendemain des saccages causés par la guerre des Gueux. Comme ces derniers, elle consiste en trois longs vaisseaux parallèles, séparés par deux files de colonnes et couverts de combles indépendants dotés de chéneaux intermédiaires. La nef ne se distingue que par une plus grande largeur et par la saillie de son abside, plus marquée que celles des collatéraux.

A l’exception de celles du collatéral nord, relevées au XIXe s. en briques, les maçonneries en pierre calcaire sont élevées à partir de bases en grès piqués, plus ou moins importantes, parfois reprises en briques.

La haute tour carrée accolée au centre de la façade ouest, entre les deux pignons de collatéraux, est épaulée aux angles par des contreforts en croix montant jusqu’à la plate-forme servant d’assise à la flèche polygonale. Au pied de cette tour s’ouvre une porte en plein cintre dont les écoinçons, seuls conservés, sont sculptés de gracieux anges thuriféraires. Au dernier étage, de part et d’autre des fenêtres à abat-sons, sont dessinées en relief des baies simulées, accompagnées d’arcatures trilobées.

L’accès à l’église se fait au départ du collatéral sud par une large porte en anse de panier, encadrée de moulures prismatiques en grès. A l’intérieur, les trois nefs sont couvertes de voûtes à liernes et tiercerons, assez basses, reposant sur des culots. Seules sont en pierre les voûtes des trois absides et celles d’une partie de la nef centrale. Leurs clés sculptées illustrent la Faute originelle, l’Annonciation, la Nativité, la Crucifixion, la Trinité, la colombe de l’Esprit Saint et l’agneau symbolique.

Fortement restaurée à la fin du XIXe s., comme en témoignent la plupart des remplages flamboyants de ses fenêtres, l’église dut l’être à nouveau – en pierre jaune – à la suite des bombardements de 1918. Les travaux menés en 2015, avec le concours de la Sauvegarde de l’Art français, ont porté sur les maçonneries du chevet et la couverture de la nef centrale.

Philippe Seydoux

 

Bibliographie :

Arch. dép. Pas-de-Calais, 74 77/6 ; 2 O 2443 ; 10 R 4/160.

  1. T. Degez, architecte, « Notes », Bulletin de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, 1924.
  2. P. Héliot, Les églises du Moyen Age dans le Pas-de-Calais, Arras, 1953, p. 358.

[1] Avant leur destruction en 1918, certains vitraux des collatéraux portaient les dates de 1550 et 1571.

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