Giverny, Église Sainte-Radegonde

Église Sainte-Radegonde. Le village de Giverny occupe le débouché d’une vallée sèche montant au nord vers le plateau du Vexin, à la limite de la Normandie et de l’Ile-de-France, et s’étend, de part et d’autre, le long de la route de bord de Seine, de Gasny aux Andelys. Au nombre des importantes possessions de la puissante abbaye de Saint-Ouen de Rouen figure, depuis au moins le XI^e s. et jusqu’à la Révolution, le patronage de l’église paroissiale. Celle-ci domine aujourd’hui la route de quelques mètres, sur le flanc du coteau de la Seine, et est entourée, sur trois côtés, par le cimetière où repose le peintre Claude Monet.

L’édifice, de plan général rectangulaire allongé, comprend une longue nef en maçonnerie de silex et calcaire à trois travées irrégulières. La petite baie du mur sud ainsi que l’appareil du mur nord, aux parties en arête-de-poisson, témoignent d’une construction d’époque romane. Le pignon ouest, en pierre de taille, à rampant et porte d’entrée sous baie en anse de panier, est, de son côté, attribuable au XVI^e siècle. Sur la rue principale du village, la nef a été prolongée, sur son côté sud, par un long transept à haut pignon en pierre de taille, dont les trois travées se trouvent séparées par des contreforts sculptés. Les hautes baies ogivales à remplages évoquent un agrandissement de l’édifice à la fin du XV^e siècle. Le bras nord, moins saillant du fait de la pente du coteau, présente deux travées avec contreforts et fenêtres à remplages ; sa partie ouest est occupée par une tourelle d’escalier octogonale menant au court clocher polygonal situé à la croisée du transept. La partie orientale de l’édifice paraît sans conteste la plus remarquable avec un chœur hémi-circulaire en maçonnerie de petit appareil calcaire, à trois contreforts plats et à ressaut, traditionnellement attribué au XI^e siècle. Au sommet de l’élévation court une forte corniche à tablette saillante reposant sur une série de corbeaux sculptés à têtes et animaux stylisés.

L’intérieur se présente sous la forme d’une nef aux murs enduits, dont la charpente, de la fin du XV^e s. ou du début du XVI^e, à chevrons formant fermes, repose sur des sablières moulurées, avec poinçons à bases prismatiques. Elle est couverte d’une voûte en berceau brisé, lambrissée à couvre-joints épais. Quatre forts piliers carrés forment la croisée du transept et supportent le clocher. La nef ouvre vers le sud sur le bras méridional du transept à couvrement sur croisée d’ogives et clefs sculptées d’écus, bûchés sans doute à l’époque révolutionnaire. Un arc diaphragme en plein cintre sépare le transept du choeur qui se termine par une abside voûtée en cul-de-four.

Quelques travaux de réfection eurent lieu au XIX^e s., notamment pour les extérieurs en 1858-1860. La sacristie, probablement construite au XVIII^e s. en prolongement du bras sud de transept vers l’est, fut supprimée vers 1920, pour permettre de dégager la partie sud de l’abside. Quelques années plus tard, en 1927, intervenait la protection de l’édifice au titre des monuments historiques ; réclamée par l’architecte Ruprich-Robert depuis 1908, elle ne fut cependant que partielle, ne concernant que l’abside et le pignon du bras sud de transept. La révision de la protection, intervenue en 2009, en inscrivant l’édifice en totalité, a rendu justice à l’intérêt de cette église. Dans le même temps était entreprise, par la commune propriétaire, une très importante campagne de travaux, répartie sur trois tranches en 2008, 2009 et 2010. Durant l’année 2008 furent refaites en totalité les couvertures de la nef et du clocher (avec reprise de sa charpente, très dégradée) et fut restauré le pignon ouest de la nef, endommagé par les combats de 1944. La Sauvegarde de l’Art français a contribué par une aide de 20 000 € à ces travaux, en 2008.

Lionel Dumarche