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Le bourg de Germigny-l’Exempt était le siège d’une importante châtellenie qui, du Xe au XVIe s., appartint aux « seigneurs de Bourbon » jusqu’aux dernier duc de cette famille. Les traces d’une ancienne enceinte et d’un château aujourd’hui disparu ont été relevées par les historiens.

Construite à la fin du XIe s. ou au début du XIIe s., l’Église Notre-Dame de Germigny-l’Exempt est un édifice dont l’ampleur est le reflet du pouvoir de la famille de Bourbon. Elle conserve un remarquable clocher à quatre étages de plan carré, reposant sur une large base rectangulaire à deux étages, primitivement ouverte sur trois côtés (les accès latéraux ont été fermés au XIXe siècle). La face occidentale de cette base est ornée de trois grandes arcades aveugles (une grande encadrée de deux plus étroites) suggérant la disposition intérieure. Le premier étage est ouvert sur les trois côtés. Cette base formant narthex est composée de deux étages de trois travées. La travée centrale du rez-de-chaussée est voûtée d’une coupole sur pendentifs. Les travées latérales communiquent avec elle par de grandes arcades en plein cintre supportées par des piles carrées flanquées de colonnes engagées, que couronnent des chapiteaux sculptés de grande qualité. Elles sont couvertes en berceaux en plein cintre. Le premier étage du porche présente les mêmes dispositions qu’au rez-de-chaussée. La coupole de la travée centrale est cependant bâtie sur trompes. Cette travée conserve des colonnes à chapiteaux sculptés ; elle abritait une chapelle seigneuriale autrefois ouverte sur la nef. Le clocher carré est composé de quatre niveaux percés de baies sur chaque face. Le premier niveau est orné de trois baies jumelées dont deux sont ouvertes et contiennent un abat-son ; le second est aveugle ; les deux derniers sont ouverts par deux arcs en plein cintre contenant chacun deux baies géminées que sépare une colonnette à chapiteau.

Un autre élément remarquable de cette église est le portail ouest que l’on découvre sous le porche. Son tympan se signale par la qualité de sa sculpture qui le place dans la mouvance stylistique de la sculpture du début du XIIIe siècle. Il représente l’Annonciation et l’Adoration des mages. Au XVe s., une chapelle latérale fut ajoutée côté sud et s’ouvre largement sur la nef par un arc de près de 7 m de long. Chapelle des seigneurs de Germigny, elle est consacrée à la Vierge. Une baie à remplage flamboyant l’éclaire par le pignon.

Un incendie causé par la foudre en 1773 détruisit la flèche du clocher et une grande partie de la nef. La flèche fut remplacée par un petit toit pyramidal en tuile et la nef fut en grande partie reconstruite. La sacristie, au nord du bras gauche du transept, date de 1826. En 1898, d’importants travaux furent entrepris, d’après les plans de l’architecte diocésain Henri Tarlier : consolidation des murs de la nef, transformation des ouvertures et de la voûte de la nef, des ouvertures du transept et nouvelle toiture. De cette époque date le décor polychrome qui couvre la voûte de l’abside et celle de la chapelle latérale. Le clocher a été restauré en 1929 et plus récemment en 2006.

L’édifice adopte un plan en croix latine : une large nef à un vaisseau ouvre sur un carré du transept dont les bras sont formés par deux chapelles orientées fermées par un cul-de-four. Le chœur, d’une travée, est voûté en berceau plein cintre. L’abside semi-circulaire, voûtée en cul-de-four, est éclairée par trois fenêtres en plein cintre. La nef est voûtée d’ogives. La chapelle latérale sud est voûtée d’ogives à liernes et tiercerons. La toiture de l’église est en tuile.

Un panneau peint du XVIIe s., issu d’un ancien retable et représentant la Vision de saint Jean à Pathmos, est inscrit MH depuis 2003 ; le reste de la statuaire date du XIXe siècle.

La Sauvegarde de l’Art français a apporté, en 2016, 25 000 € pour la restauration de la toiture en petites tuiles du chœur, de la chapelle latérale et des absides.

Nathalie de Buhren

 

Bibliographie :

Arch. dép. Cher, 134 O 5 ; 9 T 37 ; 1763 W.

Buhot de Kersers, Statistique monumentale du département du Cher, t. IV, Bourges, 1889 (réimpr. Marseille, 1977).

Crozet, L’art roman en Berry, Paris, 1932.

Deshoulières, « Germigny-l’Exempt », dans Congrès archéologique de France, XCIVe session, Bourges, 1931, Paris, 1932.

Favière, Berry roman, Saint-Léger-Vauban, 1970 (Zodiaque).

É. Vergnolle, Saint-Benoît-sur-Loire et la sculpture du xie siècle, Paris, 1985.

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