Normandie, Orne (61)
Gémages, Église Saint-Martin
Édifice
Ce village percheron est situé dans la vallée de la Coudre au centre d’un triangle dont les extrémités seraient au nord Bellême, au sud La Ferté-Bernard et à l’est, Nogent-le-Rotrou. Il figure dans le polyptique du Ixe s. de Saint-Germain-des-Prés et, dès le XIe s., comme dépendance de l’abbaye Saint-Denis de Nogent.
L’église, située à l’écart du village, est entourée d’un espace qui fut sans doute un cimetière. Elle est dominée à l’ouest par un clocher coiffé en bâtière, implanté à l’extrémité de la nef, à cheval sur un avant-corps qui fut peut-être fortifié, formant un arc reposant sur deux forts piliers, sous lequel s’inscrivent, au rez-de-chaussée, le porche et, au premier étage, une fenêtre éclairant la tribune intérieure. Les rampants de la toiture sont ornés de crochets sculptés avec têtes d’anges, animaux fantastiques et choux. Il présente des analogies avec certains clochers du pays de Caux et peut être daté du XVe ou du XVIe siècle. Le portail est de style gothique flamboyant.
Le plan de l’édifice est celui d’un long vaisseau unique, la nef étant dans le prolongement du chœur, à chevet droit. On notera la présence de contreforts d’angles, à l’ouest, et celle d’une sacristie au nord du chœur.
Le mur nord ne comporte qu’une étroite fenêtre en plein cintre dans l’arc monolithe duquel est dessiné un faux appareil. Le mur sud est percé de petites fenêtres au tracé irrégulier, fortement reprises à l’époque moderne.
La nef et le chœur sont couverts d’un berceau brisé lambrissé. Les deux espaces communiquent par un arc diaphragme assez étroit. Le maître-autel, qui constitue l’élément mobilier majeur de l’édifice, est adossé au mur-pignon de l’édifice, prolongé par une sacristie au XVIIe siècle.
Le retable, à deux colonnes corinthiennes, entablement et fronton brisé, a été réalisé en 1634. Il est surmonté d’un dais d’autel à ciel peint et colombe en gloire, du XVIe siècle. L’autel est encadré par un décor de panneaux du XVIIe s., dans lequel s’intègre la porte donnant accès à la sacristie. La restauration récente du retable a fait apparaître la date de 1654, qui correspond vraisemblablement à la mise en peinture du retable.
Le mur diaphragme est orné de peintures murales appartenant à plusieurs périodes : un ange et un personnage surmontant un décor architecturé, probablement du XIIe ou XIIIe s., et une représentation de saint Avertin du XVe siècle.
L’église comporte un mobilier de qualité : une charité de saint Martin en pierre sculptée, une Vierge à l’Enfant du XVIe s., des fonts baptismaux de 1585, un bénitier du XVIe s., une crucifixion sur panneau du XVIe siècle.
Pour participer à la réfection de la charpente et de la couverture de l’église, la Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 8 000 € en 2006.
Jean-Pascal Foucher