Hauts-de-France, Pas-de-Calais (62)
Frévillers, Église Sainte-Anne
Édifice
L’église de Frévillers était à l’origine une chapelle dédiée à Sainte Anne, élevée en 1733 sur le bord même de la route principale qui traverse le village.
Érigée en paroisse en 1775, elle est agrandie. Sa façade est élargie, de part et d’autre de la composition d’origine, demeurée inchangée.
Vendue par adjudication en 1791, elle est rendue au culte en 1802 et remise en état. En 1844-1845, la dépose du clocher s’accompagne de la réfection de la partie supérieure du pignon d’entrée, et de la création, au dos de la façade, d’une tribune desservie par un escalier.
L’église consiste aujourd’hui en une large nef unique, prolongée par un chœur plus étroit et d’élévation plus modeste. Les maçonneries sont faites de pierre crayeuse, renforcée sur les pignons de « couteaux » de briques. À l’intérieur, couvert de voûtes de plâtre sur structure de bois, le mobilier a été renouvelé au XIXe s. dans le style néogothique (maître-autel, lambris, autels latéraux, chaire).
C’est la façade occidentale qui retient toute l’attention. La porte, au profil surbaissé, s’ouvre dans un encadrement de pilastres à chapiteaux composites, dérivés du ionique, supportant une architrave et un fronton triangulaire. Elle est encadrée de panneaux de briques décorés de tableaux de pierre découpés, et surmontée d’un large bandeau de briques portant la date de 1723, dessiné en pierre. Le grand pignon chantourné est doté d’enroulements latéraux, accompagnés de motifs de guirlandes. Sa partie haute a été maladroitement réparée, probablement en 1844, et dotée d’un oculus sans grand caractère.
Le parti général se réfère clairement à la tradition « espagnole » dont on trouve les plus célèbres illustrations à Arras, sur les pignons des maisons entourant les deux places. Il est intéressant de noter combien cette tradition reste vivace, près de quatre-vingts ans après le rattachement de la ville au royaume.
Comme il est d’usage dans la région, les assises inférieures de l’édifice sont faites de grès soigneusement appareillé, de même que l’entourage de la porte. Le reste, c’est-à-dire l’essentiel du décor de la façade, est fait de la pierre crayeuse locale, particulièrement vulnérable lorsqu’elle est exposée à l’ouest, c’est-à-dire aux intempéries, vents, pluies et gel.
Les traits généraux de la composition restent bien lisibles, mais la plupart des éléments de pierre sont fortement dégradés. Si l’érosion ne revêt pas un caractère structurel, elle est cependant importante et différenciée, ce qui rend difficile le remplacement ponctuel des pierres défectueuses.
En l’absence d’analyse scientifique de la pierre locale, dont les carrières sont fermées depuis longtemps, les travaux de restauration se feront par remplacement d’une partie des éléments par de la pierre de Migné, en Poitou, dont les caractéristiques physiques semblent proches, mais dont l’aspect est assez différent.
Pour participer aux travaux de réfection de la toiture (couverture du clocher et versant nord de la couverture de la nef), la Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 10 000 € en 2008.
Philippe Seydoux