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Église de l’Immaculée-Conception. Les premières mentions du lieu le comptent au nombre des biens de l’abbaye bénédictine de Condom : l’alaudus Sanctae Mariae de Franciscano cité en 1076 dans le cartulaire de cet établissement est devenu ecclesiam de Franciscano et villam en 1161 dans une bulle d’Alexandre III. Quand Édouard Ier procède en 1286 à la collecte des reconnaissances d’hommages de l’Agenais, le castrum de Francescas est sous la double seigneurie de ce roi et de l’abbé de Condom, dont la part, passée à l’évêque du nouveau diocèse créé en 1317, fut vendue aux enchères à la fin du XVIe siècle. L’emprise anglaise, pourtant bien établie par l’annexion de la ville à la couronne en 1318 et confirmée en 1340, fut liquidée par l’accord conclu en 1369 entre Charles V et le comte d’Armagnac. Le logis de La Hire, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, rappelle cet enracinement politique. En 1439, pourtant, une brève incursion anglaise emportait temporairement Clairac, Le Mas, Lavardac et Francescas.

La bastide est durement frappée par les guerres de Religion. Monluc, qui la contrôle, reçoit l’autorisation d’imposer les huguenots pour la restauration de l’église. En 1587-1588, il y a débat sur les fortifications : on propose d’en munir l’église et son clocher, mais on se ravise et on décidera même de raser le clocher ! L’évêque de Condom, dans les premières années du XVIIe s., refuse de payer toute sa part (un tiers) de la restauration de l’église, et n’entend accorder que cent écus.

La reconstruction qui avait été entreprise à la fin du XVe s. et dans les premières années du XVIe s., fut suivie, un siècle plus tard, d’une série de travaux financés notamment grâce à des coupes de chênes. Le clocher s’écroule au début du XVIIe siècle ; on connaît par les archives du chapitre de Condom le nom des deux maîtres maçons, Bernard Marcon et David, qui furent chargés de le rebâtir en 1624 moyennant 1750 livres ; on dut intervenir encore au XVIIIe siècle. On procédait, après 1675, au lambrissage de la nef.

Le XIXe s. greffa sur cet héritage tourmenté un ample projet de rénovation : en 1861, ouvertures des chapelles recoupées par une double arcade, voûtement du chœur, charpentes apparentes peintes. Le programme de Verdier, architecte de l’arrondissement, fut réalisé par l’entrepreneur Raymond Vincent (1862-1864). Il trouvait une conclusion provisoire en 1871 avec la réfection de la façade, mais il aura fallu attendre 1921 pour que le clocher, surmonté d’une flèche néogothique effilée, revête son aspect définitif, sous la direction de l’architecte néracais J. Nogué.

Construit en moellons calcaires en bordure de l’ancienne enceinte, au sud-est de la localité, l’édifice réserve de beaux motifs empruntés au répertoire gothique tardif (fleurons, croix, mouchettes) aux pignons, aux contreforts. Le portail, d’ornementation flamboyante (premières années du XVIe s.), est d’une particulière élégance, avec clochetons, niches et tympan à réseau très développé surmontant une archivolte en anse de panier. Le plan, en un seul vaisseau de trois travées bordé de chapelles, privilégie l’effet de longueur sous des couvertures à long pan ; le chevet est de forme pentagonale, le clocher, au sud-ouest, de plan carré.

Les autels de Notre-Dame, en céramique, bois et plâtre, avec décor néogothique, sont sans doute sortis des ateliers toulousains Virebent. La première moitié du XXe s. a donné carrière aux nouvelles références de la piété mariale, surtout dans le décor peint du chœur signé « Masutti 1935 ».

6 000 € ont été versés par la Sauvegarde de l’Art français en 2003 pour soutenir les travaux de restauration.

P. M.

 

Bibliographie :

Arch. dép. Lot-et-Garonne, 18 J 36-42 : Notes du chanoine Durengues, accessibles sur le site internet des archives (www.cg47.fr/archives/).

Arch. dép. Lot-et-Garonne, E Supt 2630-2640 (BB 1-18) : Livre des jurades de Francescas.

Service régional de l’Inventaire Aquitaine : Inventaire général, inventaire topographique (1997).

G. Tholin, Études sur l’architecture religieuse de l’Agenais du Xe au XVIe siècle… , Agen, Paris, 1874, p. 247-248.

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