Occitanie, Aude (11)
Fontjoncouse, Eglise Sainte-Léocadie
Édifice
L’étude historique et archéologique a été menée par Marie-Elise Gardel, archéologue médiéviste, dans le cadre de l’étude préalable réalisée par Christiane Tarbouriech, du cabinet d’architectes Tarbouriech & Robert-Cols.
Description
L’église Sainte-Léocadie est située au sommet du village de Fontjoncouse, sur la plate-forme castrale sommitale.
L’édifice se compose d’une nef romane voûtée en berceau brisé appareillé. Les deux travées de la nef sont séparées par un arc doubleau de profil rectangulaire, reposant sur des piliers demi-circulaires engagés. Les chapiteaux sont cantonnés de têtes d’angle très saillantes, la corbeille garnie de feuillages très simples.
Malgré son aspect gothique, le sanctuaire est d’origine romane, comme le montrent les piliers engagés dont les chapiteaux présentent des décors semblables à ceux de la nef. Il est voûté sur ogives avec formerets. Ce chevet a pu être remonté à l’époque gothique. Il resterait à déterminer si les piliers-supports, d’aspect roman, sont des éléments remployés ou si leur style a été influencé par celui des supports de la nef.
Les chapelles latérales au sanctuaire sont probablement récentes (XVIIe – XIXe s.).
Le clocher, barlong, est adossé au mur occidental. Les liaisons montrent qu’il est plus récent que ce mur.
Le portail s’ouvre au nord de la travée de fond. Il est en plein cintre, à quatre rouleaux, sans tympan. L’arc extérieur du portail soutient un avancement formant porche, couronné par une corniche qui repose sur dix modillons concaves. L’ensemble du portail est constitué par une pierre calcaire du pays, d’une teinte plus claire que les autres parties de l’édifice.
Des remparts s’appuient à l’église en dessinant un ovale irrégulier coupés par une brêche qui permet d’accéder au cimetière actuel.
Ces murs ne présentent ni baies, ni archères.
Historique
En 793, Johannes l’Hispani – émigré espagnol qui vient de vaincre les Sarrasins dans le Pays de Barcelone – obtient le droit de fonder une colonie dans les Corbières selon le régime de l’aprison : le droit de défricher une terre inculte et d’en acquérir la propriété au bout de 30 ans si personne ne peut la revendiquer.
Il investit alors un hameau déserté que l’on appelle « Les Sources ». Une église dédiée à Sainte-Léocadie, sainte espagnole, est mentionnée pour la première fois en 963.
Au Xe siècle, l’église est donnée par les seigneurs de Fontjoncouse à Aymeric, archevêque de Narbonne.
Cet habitat précrastral pourrait être légèrement décalé par rapport à l’emplacement géographique du village actuel de Fontjoncouse, qui aurait pu naître au Xe-XIe siècles, de la création d’un noyau castral sur une hauteur légèrement distante de l’habitat et qui s’est ensuite concentré autour de lui.
Au XIIIe siècle, à la suite de la reprise en main du Languedoc suite à la Croisade albigeoise, l’archevêque a pu faire implanter l’église, jusqu’alors éloignée, à son emplacement actuel correspondant à l’époque aux logis seigneuriaux, sur la partie supérieure du castrum. Il s’agit cependant d’une hypothèse : rien ne permettant d’identifier avec certitude l’emplacement de l’ancienne église. Néanmoins, l’appareil, en grande partie en pierre de taille ainsi que la présence de décors sculptés, pourraient correspondre à l’initiative d’un commanditaire prestigieux tel que l’archevêque de Narbonne.
A cette époque, il est probable que l’église n’ait encore été constituée que d’une nef rectangulaire à trois travées (la trace d’une troisième travée disparue est encore visible à l’ouest).
Appuyés à l’église, les remparts dessinaient un ovale irrégulier, percé d’une seule porte. Celle-ci masquée par la végétation, existe encore : son arc en plein cintre peut être rapporté au XIIIe siècle.
Cependant, les fortifications ne sont pas entretenues sur la longue durée, et dès 1547, l’archevêque déclare avoir à Fontjoncouse « un chasteau ruyné ».
Une tour, positionnée sur une éminence rocheuse est mentionnée au tout début du XIIe, mais il est probable qu’au XIVe siècle elle ait perdu sa fonction défensive et qu’elle ait alors été transformée en pigeonnier.