Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bouches-du-Rhône (13)
Eyguières, Ancienne Eglise Saint-Sauveur du castellas de Roquemartine
Édifice
NB : La notice publiée ci-dessous est une notice provisoire, la notice scientifique étant en cours de rédaction.
Description
A l’extrémité Sud-Est de la chaîne des Alpilles, sur la commune d’Eyguières, se dressent les imposantes ruines féodales du Castellas de Roquemartine ou Château de la Reine Jeanne qui culminent à près de 220 mètres et offrent un panorama exceptionnel sur le massif des Alpilles et sur l’ancienne vallée de la Durance.
En contrebas du château se trouve l’église Saint-Sauveur, qui fut autrefois l’église paroissiale du bourg de Roquemartine et qui fut rattachée à la commune d’Eyguières en 1805.
L’ensemble que constituent le château et l’église forment un paysage original perché sur un éperon qui domine la plaine de Roquemartine, témoignage saisissant de l’architecture forte de l’époque.
Installé au sommet d’un petit col qui sépare le château de Roquemartine du reste du massif du Défens, l’édifice est une construction assez simple. La nef comprenait deux travées sans bas-côtés. La travée ouest ayant été détruite anciennement, un mur fut bâti pour fermer la seconde travée, réduisant l’édifice de moitié. Le chœur est de forme pentagonale irrégulière. Sur le côté sud sont venues se greffer deux petites chapelles de plan rectangulaire, dont l’une conserve un caveau, pillé de nombreuses fois, qui a pu appartenir aux seigneurs du château.
Au nord, des fouilles clandestines anciennes ont mis en évidence les restes d’un avant-corps dans lequel il est possible d’identifier un porche abritant une entrée aujourd’hui murée.
Le chœur pentagonal s’ouvre sur la nef par un arc triomphal. Il est couvert d’une voûte d’ogives à six quartiers rayonnants.
historique
Le castrum de Roca Martina apparaît dans les textes vers 1096 lorsque les chevaliers Raimond, Gérald et Pons vendent leur part de dîme à l’abbaye Saint-Victor de Marseille pour financer leur participation à la première croisade.
Roquemartine contrôlait l’un des principaux passages entre la vallée de la Durance et le sud des Alpilles.
C’est à la famille d’Albe de Tarascon, au XIIIe s., que l’on doit le château tel que nous le connaissons aujourd’hui. Au début du XVIIe s., le Castellas fut abandonné au profit du nouveau château de Roquemartine, bâti en plaine. Démantelé par Richelieu, il fit l’objet de tirs d’artillerie en 1870, aggravant son état.
Le prieuré Sainte-Marie-de-Roquemartine est peu mentionné dans les textes. À l’exception de quelques confirmations papales au XIIe s. et mentions dans le pouillé du diocèse d’Avignon aux XIVe et XVe s., un seul acte est conservé dans le fond de Saint-Victor : il concerne la prise de possession du prieuré, en 1433, par Pierre de Naples.
L’église Saint-Sauveur du Castellas de Roquemartine est un édifice difficilement datable du fait des nombreuses réfections et de l’absence d’éléments stylistiques bien précis.
Toutefois, il est possible de discerner quelques grandes phases :
– le mur nord avec sa porte bouchée, doit appartenir à un édifice plus petit, datable de la seconde moitié du XIIe s. ou du début du XIIIe siècle
– l’abside pentagonale et le porche devant l’entrée nord appartiennent à une deuxième et troisième phase de construction attribuables au XIIIe siècle
– le mur divisant en deux la partie ouest de la nef peut être daté du XVe s. de même que les chapelles sud dont l’adjonction s’inscrit certainement dans un programme de réorganisation de l’église.
– le choeur et sa voûte gothique sont certainement le fruit d’une réfection opérée dans la seconde moitié du XVe s. ou au début du XVIe siècle.
D’après les visite pastorales, l’église semble en ruine en 1628, alors qu’en 1650 elle ne l’est plus : des réparations ont été effectuées.
Sa robustesse devait être bien imparfaite puisqu’elle nécessita de nombreuses réfections et consolidations. Le mur sud – qui doit appartenir à une restauration – possède ainsi trois contreforts. Le mur nord pourtant bâti à même le roc a dû être épaulé par un contrefort d’angle et un grossier arc boutant. L’abside a dû être partiellement reconstruite et sa voûte refaite. La nef a été coupée en deux après l’effondrement de la partie ouest. Tous ces travaux n’ont pas empêché l’écroulement complet du reste de la nef dans les années 1950.
Depuis près de huit cent ans, ce site remarquable appartient à la même famille.
L’association « Les amis du Castellas de Roquemartine » vient de voir le jour avec pour objectif de contribuer à la sauvegarde et la mise en valeur de l’ancien domaine seigneurial et du site architectural du Castellas de Roquermartine et à mieux faire connaître ce patrimoine remarquable.
La Sauvegarde de l’Art Français est heureuse de lui apporter son soutien dans la première phase des travaux correspondant à la confortation urgente de l’église et sa mise hors d’eau qui sera menée sous la supervision de Vincent Brunelle, Architecte en Chef des Monuments Historiques, et d’Emmanuel de Foresta, Assistant du Maître d’Ouvrage, sous le contrôle de la Conservation Régionale des Monuments Historiques et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Provence Alpes Côte-d’Azur.
Ce site remarquable a été sélectionné par la mission Bern afin de bénéficier d’édition 2022 du Loto du patrimoine. Ce projet de grande ampleur a besoin de tout notre soutien !
Source : étude historique et architecturale approfondie du Castellas de Roquermartine, réalisée par monsieur Jean Paul Nibodeau, publié dans le fascicule 169 de la Provence historique en 1992.
Crédits photos :
Fondation du Patrimoine – My Photo Agency – Emmanuel Ferrand et Alexis Marizy
en savoir plus :
Site internet de l’association des amis du Castellas : www.castellasderoquemartine.fr