Centre-Val de Loire, Indre-et-Loire (37)
Tours, L’Etoile Bleue
Édifice
CAMPAGNE DE FINANCEMENT PARTICIPATIF À L’INITIATIVE DE la jeune chambre économique de tours
La Jeune Chambre Économique est une association créée en 1915 par Henry Giessenbier et regroupant des membres âgés de 18 à 40 ans dont l’objectif est de réaliser des actions destinées à améliorer la vie de la cité, tout en développant leurs talents de leader, la prise de responsabilité sociale, l’esprit d’entreprise et la solidarité.
Née à l’été 1956, la Jeune Chambre Économique de Tours rassemble près de 50 membres, constituant l’une des plus importantes Jeune Chambre de France.
Son siège se situe à l’Étoile Bleue, un lieu atypique arborant des mosaïques et des fresques Art déco, témoins du passé sulfureux de l’ancien établissement tourangeau…
l’étoile bleue, une ancienne maison close
Le bâtiment, construit au XVe siècle – d’après les colombages que l’on distingue sur la façade Est, sur la place – a été totalement remanié au début du XXe lorsque que l’immeuble fut transformé en maison close.
Là, au 15 de la rue du Champ-de-Mars, marquée de l’époque Art déco, la façade de briques rouges est agrémentée de mosaïques rouges et bleues que l’on retrouve jusque sur le trottoir ainsi que des demi-colonnes représentatives de ce style.
Cette rue ne s’est pas toujours appelée ainsi. Autrefois il s’agissait de la rue des prêtres, mais la présence de plusieurs maisons closes à proximité les unes des autres a créée un mouvement de la part des habitants pour renommer la rue. Les armées étant positionnées derrière la maison, sur l’actuel Boulevard Preuilly, elle fut renommé rue du Champs-de-Mars.
La porte de la maison est naturellement munie de son indispensable judas, permettant à la maitresse ou la contremaitresse de filtrer l’entrée.
un ensemble art déco à préserver
Le Grand Salon
Après avoir passé la porte, on entre dans le Grand Salon qui était la pièce principale. On y trouvait un bar et de la musique.
Au plafond, une rosace en forme d’étoile car l’étoile est partout : au mur, au plafond, sur la porte d’entrée, sur les ferronneries des fenêtres …
Les fresques naïves du Grand Salon, datées de 1925, sont l’œuvre du peintre Jacquemin, dessinateur satirique du journal local de l’époque.
Ce sont les pastiches de « Coursing II » et « sprint », gravures du peintre toulousain Louis Icart (1888-1950), réalisées à la pointe sèche en couleurs sur papier japon.
Jacquemin déshabilla la femme du tableau original et stylisa l’ensemble.
La légende veut que les fresques du Grand Salon représentent la tenancière de l’époque, nue, entourée de ses lévriers
Le Petit Salon dit « salle du curé »
Jouxtant le Grand Salon, cette pièce, dite « de discrétion », conserve deux grandes peintures murales. La première est une illustration, pour le moins licencieuse, inspirée des contes de Canterbury. Réalisée selon la technique de la colle de peau de lapin, elle est le fruit d’une collaboration entre Jacquemin et Rickie, auxquels l’ont doit également les fresques de La Lune, autre maison close de Tours.
C’est grâce aux bons soins de Monsieur Albert, l’amant de Madame, que la fresque est demeurée intacte.
La seconde peinture, dite « la fresque du vendangeur », s’inspire d’une nouvelle du Moyen-Âge provenant du Décaméron de Boccace, « Péronnelle ou la femme avisée ».
Durant la seconde Guerre mondiale, l’Étoile bleue fut réquisitionnée par les allemands, au profit des sous-officiers.
En 1946, suite à la promulgation la loi « Marthe Richard », la maison close ferme ses portes. Tombée à l’abandon, elle est occupée par deux anciens clients sans-abris, Dédé et P’tit Louis, et par l’amant de Madame Andrée, la dernière taulière, Monsieur Albert qui meurt en 1978.
Il est alors question de démolir l’Étoile Bleue.
C’est grâce à la mobilisation de tourangeaux sensibles à la sauvegarde de ce patrimoine atypique, que des journées portes ouvertes furent organisées et une pétition lancée. La Jeune Chambre Économique de Tours, qui avait alors besoin d’un local, fit en 1980 l’acquisition de l’Étoile Bleue, avec l’aide de Jean Royer, alors maire de Tours.
La Jeune Chambre entreprend ainsi la restauration de l’immeuble. Les fresques sont rafraîchies, quelques murs tombent, les bidets quittent les lieux et, sur quatre niveaux, l’association dispose maintenant de salles de conférence, d’un bureau, d’une cuisine et d’une salle de réception.
les mosaïques de sante vallar, une œuvre art déco en péril
Sante Vallar (1893-1951), un mosaïste italien amoureux de Tours
Né le 27 octobre 1893 à Tramonti di Sopra, près de Venise, et décédé le 15 août 1951 à Tours, Sante Vallar quitte l’Italie à l’âge de 13 ans, pour être embauché dans une entreprise de mosaïques autrichienne, où il apprend les rudiments du métier.
En 1907, en compagnie d’ouvriers mosaïstes, il part en France. Il travaille à Nevers chez le mosaïste Pietro Favret, auprès duquel il participe à de nombreux chantiers jusqu’en 1915, parmi lesquels la réalisation du revêtement de la gare du funiculaire du Mont-Blanc.
En 1923, son travail le conduit à Tours pour réaliser les sols d’une maison close, l’Étoile Bleue. Il n’est pas encore marié à Henriette et, pour ne pas froisser sa future belle-mère, très croyante, il dit dans ses lettres « travailler pour les bonnes soeurs ».
La ville lui plaît. Il décide de s’y installer et y crée son entreprise au 53 rue Chalmel. En 1928, avec les architectes Gaston et Pierre Labadie, Sante Vallar lance les études nécessaires à la construction de sa maison, du magasin et de l’atelier-dépôt au 26, rue Febvotte.
En 1938, il est naturalisé français.
Signature de Vallar sur le bassin du Centre hospitalier de Tours
Particulièrement actif et hautement éclectique dans le choix de ses chantiers, on lui doit en 1925, le socle du monument commémoratif d’Eugène Hilarion, sculpture réalisée par Georges Delpérier à Saint Christophe-sur-le-Nais, en 1926, la réfection des mosaïques du tombeau de saint Martin en la basilique Saint-Martin de Tours, et ultérieurement, la maison close le Petit Soleil dont les vestiges sont visibles rue de la Monnaie, la pharmacie Charlemagne, rue des Halles, la Chapellerie Brun, place du grand-marché, la devanture du fleuriste de la rue Georges-Courteline, mais aussi, ailleurs en Indre-et-Loire, la façade du bureau de Poste à Semblançais, ou encore le balcon de l’ancien sanatorium de Bel Air, à La Membrolle-sur-Choisille…
Devanture du fleuriste de la rue Georges Courteline, à Tours, et ses mosaïques de Sante Vallar
En octobre 2018, la ville de Tours donne le nom de Sante Villar à la place située rue Henri-Martin, à l’angle de la rue du Chemin de Fer.
Les mosaïques de l’Étoile Bleue
En 1923, Sante Vallar se voit confié la réalisation du sol de l’ensemble du rez-de-chaussée de l’Étoile bleue, dont les mosaïques, toujours conservées, présentent un magnifique décor de fleurs de lotus.
Ce décor d’époque a cependant subi l’épreuve du temps : certains éléments de mosaïques sont cassés, d’autres sont manquants, lorsque des reprises à base de ciment génèrent des remontées capillaires qui ont commencé à dégrader les fresques du Grand Salon.
Pour mener à bien les travaux de restauration des mosaïques, confiés à une entreprise spécialisée, la Jeune Chambre Économique en appelle à la générosité des amoureux de l’Art déco et du patrimoine tourangeau !