Bretagne, Morbihan (56)
Lizio, église Notre-Dame-du-Lys
Édifice
La commune de Lizio, au sud de Josselin, a toujours investi dans la conservation et la valorisation de son patrimoine bâti. Avec la restauration de son église, placée sous le vocable de Notre-Dame-du-Lys, elle a entrepris un grand projet, portant sur un édifice complexe et dont la construction a connu plusieurs phases.
La première remonte sans doute au premier tiers du XVIe s., période d’importante activité architecturale dans cette partie du Morbihan, notamment sous l’impulsion du vicomte Jean II de Rohan, des Malestroit et des Sérent. De cette époque l’église semble conserver plusieurs éléments : une partie orientale de la nef ; un vaste bras au nord, formé de deux ensembles que sépare une arcade selon un axe nord-sud ; un croisillon sud. L’aménagement du bras nord du transept est à mettre en parallèle avec une disposition rencontrée dans des constructions contemporaines, telle la chapelle Notre-Dame de Bonne-Encontre à Rohan : au bras nord d’un transept, on ajoute un espace supplémentaire à l’est, qui forme une chapelle seigneuriale, séparée du chœur par une arcade, close d’un chancel en bois, avec hagioscope. Ainsi, à Lizio, le seigneur pénètre par un accès occidental qui lui est réservé dans le bras nord, passe par le bras du transept (où se trouvent un enfeu et les fonts baptismaux) et assiste à l’office depuis sa chapelle. Le croisillon du bras sud forme une chapelle secondaire noble. Les arcades en cintre brisé et aux profils moulurés se composent d’arcs à pénétration dans des piles cylindriques assez massives et basses. Ce système correspond à la première phase de construction que complète la réalisation d’entraits et de sablières à décor sculpté. Il est plausible que la chapelle nord de Lizio soit celle des seigneurs des Kaer Malestroit, seigneurs de Castiller. Lizio était, en effet, une ancienne trêve de la paroisse de Sérent, et, dans certains détails des arcs à pénétration on retrouve d’ailleurs des similitudes avec ce type de voussures, caractéristiques du gothique flamboyant, rencontrées dans les églises de Malestroit et de Sérent.
La nef est agrandie en 1655, comme en témoigne la datation portée sur le clocher du mur occidental, et le campanile primitif sur charpente est sans doute supprimé par la frairie de l’église qui organise désormais les travaux. C’est probablement à cette époque qu’est peint le faux-appareil, découvert lors des travaux de restauration sur l’intrados des arcs, avec des motifs simulant un volume en trompe-l’œil. Alors que la commune et la paroisse ont acquis chacune leur autonomie, le XIXe s. va modifier considérablement l’édifice : extension, en 1829, du chevet plat du XVIe s. par l’aménagement d’un chœur plus profond ; adjonction d’une sacristie au nord de celui-ci. Des bas-côtés sont ajoutés de part et d’autre de la nef (au nord, les fonts baptismaux) et, pour assurer la symétrie avec le bras nord, le bras sud du transept est agrandi, avec une nouvelle chapelle sud-est.
On déplace à cette époque le retable de la première moitié du XVIIIe siècle, qui se trouvait dans le croisillon sud, pour former désormais pendant avec l‘autre retable contemporain, placé dans l’ancienne chapelle seigneuriale. Le retable nord est consacré à la Donation du Rosaire, culte très développée aux XVIIe et XVIIIe s. dans cette partie du diocèse ; le tableau date de la construction du retable. Celui du retable sud a, en revanche, été peint en 1844 par L. Noël et représente l’Ange Gardien. Le reste du mobilier est composé de statues de la seconde moitié du XVIIe s. : elles sont dues probablement à l’atelier Guiot de Pontivy, et ornaient sans doute un retable de cette époque, installé, vers 1680, sur le chevet plat de l’église. Elles ont été replacées au XIXe siècle dans le lambris qui décore le chœur agrandi vers 1821-1830. Les vitraux ont été réalisés pour l’essentiel à la fin du XIXe siècle.
Les travaux, réalisés sous la maîtrise d’œuvre du cabinet Dubost, ont été nombreux : couverture de la nef (ardoise d’Espagne au crochet), reprises des enduits extérieurs, ponctuelles pour l’intérieur, dégagement et restauration des décors peints des badigeons, révision générale de la voûte lambrissée, restauration des boiseries du chœur, avec reprise des décors. Le montant total des travaux a été d’environ 350 000 €, pour une commune de 707 habitants.
Diego Mens