Centre-Val de Loire, Cher (18)
le Subdray, église Notre-Dame
Édifice
Alors que la commune du Subdray, proche de Bourges, dont la population n’a cessé de croître depuis les années 1970, passait de 355 habitants en 1968 à 1145 aujourd’hui, son Église Notre-Dame est un modeste édifice construit au XIIe siècle. L’église dépendait alors du chapitre de Notre-Dame-de-Montermoyen à Bourges. Il ne reste de cette époque que le remarquable clocher-porche et une partie de la nef. Ce clocher possède une base carrée très haute et massive, surmontée d’un étage percé de huit baies en plein cintre dont les pieds-droits et les angles sont ornés de colonnettes à chapiteaux végétaux. Une corniche à modillons sculptés supporte quatre clochetons carrés, ornés d’arcatures aveugles sur deux rangs en partie basse puis d’arcatures ajourées ; ils sont couverts d’une pyramide carrée maçonnée, ornée d’un fleuron. A l’intérieur, le porche est surmonté d’une coupole sur trompes, percée des trous de passage des cloches, qui s’élève à 12 mètres de hauteur.
A la fin du XVe s. ou au début du XVIe, l’église fut transformée et agrandie. Les arcs latéraux de la base du clocher furent fermés et les contreforts de la tour renforcés. La nef a été rehaussée pour recevoir une nouvelle charpente. Le chœur et le chevet furent entièrement reconstruits. Deux chapelles latérales, élevées alors, communiquent avec la troisième travée de la nef. La chapelle nord, dédiée à saint Roch, a été construite pour le sieur du Solier et la chapelle Saint-Jean, au sud, pour le seigneur de Coulogne (terre, seigneurie, « véhérie » et vicomté de Coulogne), deux terres situées dans la paroisse du Subdray.
En 1849, l’église étant jugée trop petite pour le nombre des fidèles fut envisagée la construction de deux chapelles latérales ; seule la chapelle sud fut construite dans la partie basse de la nef. En face, au nord, le mur de la première travée de la nef porte la trace de l’ouverture prévue pour accéder à la future chapelle. En 1854, la restauration complète de l’intérieur de l’église, ainsi que la réfection de la toiture, furent conduites par Paul Gauchery, architecte à Vierzon. Un nouveau mobilier fut alors acquis. Près de vingt ans plus tard, l’urgence de la restauration du clocher était manifeste : elle fut confiée à l’architecte Ernest Leclère de Bourges (contreforts, étages et flèche du clocher). Buhot de Kersers imaginait celui-ci terminé par une flèche de forme conique comme celle du clocher de Primelles, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest du Subdray , pourtant ce ne fut pas le parti adopté. Les travaux furent terminés en 1877. Le voûtement du porche, de style néo-gothique, fut réalisé à la fin du XIXe siècle.
Le vaisseau rectangulaire est composé de quatre travées fermées à l’est par un chevet plat. L’ensemble est voûté d’ogives dont les nervures retombent sur des culots moulurés ou figurés. Les chapelles latérales du XVe s. sont voûtées d’un lambris en berceau. Toutes les voûtes ont été recouvertes de plâtre au XIXe siècle. Le chœur et les chapelles sont éclairés par des fenêtres en arc brisé à réseau trilobé (doubles lancettes pour le chevet et simple lancette pour les autres fenêtres) : celle du chœur est un remontage de la fin du XIXe siècle. Le dessin de ces fenêtres a été repris dans les fenêtres en plein cintre crées au XIXe s. pour éclairer la deuxième travée de la nef et la nouvelle chapelle sud-ouest. La flèche du clocher de forme pyramidale à huit côtés est en maçonnerie de pierre de taille. La toiture est en tuile.
Le mobilier religieux de l’église du Subdray a été renouvelé en grande partie au milieu du XIXe s. (verrières, autel, chaire à prêcher, confessionnal, clôture de chœur, bancs de fidèles, statuaire…) Les vitraux du chœur, œuvres du peintre verrier berruyer Charles Jurie, datent de 1881. Deux objets méritent l’attention : une statue de Vierge à l’Enfant du XIVe s. (cl. MH 1963) et une cloche en bronze datée de 1516 (cl. MH 1943).
En 2018, les entreprises œuvrent sur la tour du clocher pour la première campagne de travaux. Une deuxième tranche de travaux devrait commencer en 2019. Elle portera sur la rénovation des enduits intérieurs, l’installation électrique et le chauffage. La Sauvegarde de l’Art français participe pour 12 000 € à la réfection de la toiture, de la charpente, des pierres de taille abîmées, des enduits et du beffroi.
Nathalie de Buhren
Bibliographie :
Arch. dép. Cher, 36 J 38 ; 291 O 1-2.
Buhot de Kersers, Statistique monumentale du Cher, t. III, Bourges, 1885 (réimpr. Marseille, 1977).
Crozet, L’art roman en Berry, Paris, 1932.
Deshoulières, Les églises de France. Cher, Paris, 1932.
L’église Notre-Dame du Subdray (Cher), Tours, 1992 (coll. Dossier Ecclesia, septembre 1992).