Auvergne-Rhône-Alpes, Cantal (15)
Drugeac, Église Saint-Géraud
Édifice
Cette église, paroissiale maintenant, était jusqu’au XVIIème s. un prieuré de l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac, d’où son vocable.
La liste des prieurs est connue depuis 1271, mais la construction du premier édifice remonte à la fin du XIème s. ou au XIIème s. De cette époque subsistent actuellement le clocher et deux travées du mur sud, dont les deux baies en plein cintre, soulignées par une moulure en retour d’équerre, sont romanes. Cette première église s’est effondrée à une date indéterminée, peut-être à cause du sol peu résistant sur lequel elle est bâtie. Elle a été reconstruite au cours du XVème s. ou du XVIème s. dans le style gothique. L’édifice se compose d’une nef à quatre travées, d’un chœur et d’une abside à cinq pans. La nef est flanquée de quatre chapelles. La totalité de l’église est voûtée d’ogives. Les nervures retombent en général sur des culots très simples, à l’exception de l’arc séparant la première et la deuxième travée qui repose sur des colonnes engagées dont la base est ornée d’un décor lancéolé. Dans l’abside, les culots sont à effigies humaines ou animales. Les clés de voûte portent des croix de Malte, Taudes Antonins ou des dates (1843 est celle de la restauration des voûtes). Les deux chapelles nord-est et sud-est ouvrent sur la nef par des arcs brisés, les deux autres par des arcs en plein cintre. Les baies de l’abside, du chœur et des chapelles nord sont en arc brisé, celles des chapelles sud ont de beaux remplages flamboyants et possèdent encore des fragments de leurs vitraux du XIVème et du XVIème s., classés Monuments historiques le 13 février 1922. L’oculus du clocher-porche est en partie caché par l’arc doubleau de la première travée, ce qui laisse à penser que l’église romane avait un plafond plus élevé ou une charpente apparente. À l’ouest, le beau clocher est construit en gros appareil de trachyte et brèche volcanique, posé par assises régulières jusqu’au niveau du bandeau. Deux contreforts massifs cantonnent cette façade, atteignant le bandeau et sous-tendant les baies en plein cintre des cloches. Le tympan de la porte est aveugle. Il est surmonté d’un boudin reçu par deux chapiteaux historiés supportés par des colonnes dont les bases offrent un décor indéchiffrable. Un cordon avec retour d’équerre atteint les contreforts en entourant l’archivolte. L’église Saint-Géraud est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis le 20 décembre 1985. Un calvaire en pierre provenant de l’ancien cimetière a été classé en 1963. Les mauvaises conditions géologiques qui avaient amené la ruine de l’église romane ont entraîné, entre 1838 et 1843, une importante restauration. La pente du toit a été sensiblement modifiée et la couverture en tuiles canal remplacée par des schistes, puis des ardoises en 1899. La voûte du chœur a dû être remontée en 1921 avec les matériaux d’origine. De nouveaux désordres sont apparus récemment : fissures le long des murs des chapelles nord, écrasement des nervures des voûtes. En 1992, on a donc repris les charpentes sur les chapelles nord, recalé les claveaux à l’intérieur des chapelles, restauré les arases, avec réalisation d’un chaînage en béton en tête des murs. La Sauvegarde de l’Art Français a participé au financement de ces travaux pour 40 000 F.
E. C