Drucourt, Église Notre-Dame

Située au centre du village dans l’environnement fleuri de l’ancien cimetière, L’ÉGLISE NOTRE-DAME est un édifice d’origine romane dont le patronage a appartenu à l’abbaye du Bec-Hellouin de 1134 à la Révolution. Elle a été entièrement reconstruite au XVI^e s. en conservant les murs de la nef.

C’est un vaisseau rectangulaire de 30 m de long et de près de 8 m de large terminé à l’est par une abside à trois pans coupés et précédé d’un porche Renaissance, en maçonnerie et en charpente, qui abrite le portail principal en pierre et brique remanié au XVIII^e siècle. Une haute toiture en tuiles couvre l’ensemble surmonté à l’ouest d’un clocher carré en charpente et en ardoise. Un épi de faîtage représentant saint Robert de Molesme, patron secondaire de l’église, domine l’abside.

Les murs de la nef remontent au premier édifice, en particulier le mur nord, qui montre encore des assises régulières de silex et de moellons de travertin. Ils ont été percés de fenêtres gothiques lors de la reconstruction. Le chœur, du premier quart du XVI^e s., en pierre calcaire, est pourvu de contreforts et possède les mêmes ouvertures. Au sud, une porte seigneuriale ornée d’un blason que la tradition locale appelle « Porte de fer » ou « Porte d’enfer » a été murée en 1807. On peut apercevoir également les traces d’une porte en plein cintre qui devait appartenir à la première église. Sur la partie supérieure du mur du chœur, court une litre seigneuriale dégradée, mais lisible, aux armes des Bosc-Henry, seigneurs de Fontaine-la-Louvet et barons de Drucourt. Un cadran solaire ancien en pierre a été fixé sur l’un des contreforts.

À l’intérieur, la charpente a reçu une voûte lambrissée de merrains, à décor polychrome, entièrement refaite par Charles Huet, menuisier à Bernay, en 1894-1895, en raison de la menace d’effondrement, comme le rappelle l’inscription sur les poutres. La polychromie a également été reprise à cette occasion, en particulier les corniches à bandes bleues, rouges et brunes avec des filets noirs et dorés.

Un riche mobilier, en partie protégé, orne l’édifice. Le retable majeur, de la deuxième moitié du XVII^e s. (vers 1665), attribué au sculpteur Boudard de Pont-Audemer et orné de nombreuses statues : Vierge à l’Enfant avec anges chanteurs et musiciens, saint Jean-Baptiste et une belle Trinité où le Père soutient le Christ mort. Il encadre une toile de la fin du XVIII^e siècle représentant L’Assomption de la Vierge de Michel-Pierre Hubert-Descours, peintre bernayen, dont on retrouve deux œuvres dans les retables secondaires qui complètent la perspective. Il reste quelques traces de vitraux anciens, mais la grande majorité des verrières ont été remplacées au XIX^e s. par l’atelier ébroïcien Duhamel-Marette dont il ne subsiste que celles de l’abside. Détruites en grande partie lors du bombardement du 6 août 1944, leur remplacement a été confié en 1960 à Hubert Van de Walle qui a créé un décor de saints et de motifs géométriques contemporains.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2013 une aide de 10 000 € pour la restauration de la toiture en tuiles neuves vieillies et la réfection des gouttières en cuivre.

Serge Aubé

Arch. dép. Eure, 5 O 6/258 : Drucourt (Travaux communaux).

Nouvelles de l’Eure, n° 23, printemps 1965 (« Les églises du canton de Thiberville »)  et n° 64-65, hiver 1978 (« Canton de Thiberville »).

P. Bodin, « Les litres seigneuriales de la région de Bernay », Bulletin de la Société historique et archéologique Les Amis de Bernay, n° 37, janv. 1995, p. 43-51.

D. Lepla, « Drucourt », dans Amis des monuments et sites de l’Eure (éd.), Confluence 2014, Entre Pays d’Auge et Lieuvin, autour de Thiberville, Brionne, 2014, p. 40-46.