Grand Est, Aube (10)
Cussangy, Église Saint-Léger
Édifice
Le village de Cussangy se trouve au carrefour de deux voies romaines, l’une nord-sud reliant Tonnerrre à Chaource, l’autre, dite « vieille voie » ou « chemin de Rome » se dirigeant vers le nord-ouest. L’église placée sous le vocable de Saint-Léger dépendait du diocèse de Langres, archidiaconné de Tonnerre, doyenné de Saint-Vinnemer. La cure était à la collation de l’évêque.
L’édifice, élevé d’un seul jet dans le premier tiers du XVIe s., est un édifice à nef unique composée de trois travées, avec un transept saillant et un chœur à cinq pans. Il mesure 36 m de long sur 8 m de large. La façade ouest, épaulée par deux gros contreforts, est percée d’un portail encore flamboyant à double baies moulurées en anse de panier séparées par un trumeau qui devait abriter une statue à l’origine. L’ensemble est surmonté d’un arc en accolade orné de feuillages et d’un fleuron sommital. Deux gâbles latéraux, sans doute destinés à recevoir d’autres statues, complètent ce décor typique des églises de l’Aube à cette époque. Au-dessus d’un cordon en léger ressaut s’ouvre un oculus en partie obstrué aujourd’hui.
La nef est contrebutée par deux contreforts qui déterminent les travées. À l’origine, elle était éclairée par six fenêtres en arc brisé. Plusieurs ont été bouchées partiellement ou en totalité ; seules les fenêtres nord et sud de la deuxième travée ont conservé leurs remplages flamboyants et celle de la façade sud a encore son meneau. Au nord une petite porte moulurée, surmontée d’un arc en anse de panier, s’ouvre dans la nef. L’escalier d’accès au comble est implanté au sud dans l’angle formé par la nef et le transept saillant épaulé par de gros contreforts et dont les deux grandes baies en arc brisé sont en partie murées et ont perdu leurs remplages. Un petit clocher en ardoises surmonte la croisée. Cette dernière disposition date vraisemblablement du XVIIe siècle. Les baies du chevet ont conservé leurs réseaux de pierre. Sous l’ensemble de la couverture court un rang de modillons moulurés.
Les deux premières travées de la nef sont voûtées d’ogives qui retombent par pénétration dans de grosses piles engagées. La dernière travée est couverte d’une voûte à liernes et tiercerons qui s’engage de la même manière dans les piles de la nef. Les piles du transept côté nef et côté chœur diffèrent : celles côté nef sont constituées d’une colonne engagée dans un pilier rectangulaire, tandis que celles côté chœur sont formées par des demi-piliers ondulés. Les bras du transept sont voûtés sur croisées d’ogives et le carré d’une croisée d’ogives à liernes.
L’édifice a conservé des éléments de verrières du XVIe s., classés M.H. en 1975, dans deux baies de l’abside et de la nef, et des fragments remontés dans le tympan de la baie du bras nord du transept : bordures, motifs décoratifs, phylactère, inscription…. Dans la baie nord du chœur on voit encore une Vierge à l’Enfant dans une gloire et des phylactères. Les manques sont complétés par des losanges du XIXe siècle. Dans la baie sud du chœur se trouve une crucifixion et une déploration sur le corps du Christ mort. Divers fragments des XVIe et XVIIe s. complètent cette fenêtre. D’autres fragments sont également conservés dans la partie haute de la dernière fenêtre de la nef nord : tête de Dieu le Père, anges soufflant dans des trompettes, éléments d’architecture. La baie d’axe est ornée de verrières représentant des figures de saints réalisées par l’Institut catholique de Vaucouleurs en 1885.
Par ailleurs l’édifice conserve un important décor de peintures murales Renaissance en grande partie recouvert par des badigeons.
Pour la reprise des maçonneries des voûtes du transept afin d’éviter leur effondrement, la restauration du clocher et de son tabouret, la Sauvegarde de l’Art français a octroyé une subvention de 30 490 € en 2001.
J. M.
Bibliographie :
H. d’Arbois de Jubainville, Répertoire archéologique du département de l’Aube, Paris, 1861, p. 67.
A. Roserot, Dictionnaire historique de la Champagne méridionale (Aube) des origines à 1790, t. I , Langres, 1942, p. 472-475.
Les vitraux de Champagne-Ardenne, Paris, 1992 (Corpus Vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France 4) , p. 93.
M. Beau, Essai sur l’architecture religieuse de la Champagne méridionale hors Troyes, Troyes, 1991, p. 76,86,99,122,130-131,150,213,241.