Nouvelle-Aquitaine, Creuse (23)
Crozant, Chapelle Notre-Dame
Édifice
La chapelle Notre-Dame-des-Places est un bon exemple de petit sanctuaire associé à une seigneurie rurale. A ce titre, elle mérite d’être maintenue. Elle se trouve sur la route de Crozant à Saint-Sébastien, non loin du Pont Charraud, dans un site où les coteaux de la Creuse, aux confins du Berry, s’abaissent brusquement pour former une large plateforme. Attenante à une ferme, elle fait partie de l’ancien château de la famille Foucault, qui donna depuis le XIVe s. plusieurs grands personnages au comté de la Marche. Au bord de la route, un étang rappelle les fossés qui l’entouraient autrefois. En 1639, Gabriel Foucault, après avoir abjuré la religion réformée, se vit confirmer par Louis XIII la possession du château des Places. Son fils Henri le faisait reconstruire quand il mourut en 1678. C’est au fils de ce dernier, Gabriel François, que l’on doit la reconstruction de la chapelle, vers 1686. Il y fut inhumé en 1689. Le joli portail classique de la façade latérale sud arbore au fronton les armoiries des Foucault.
On suit bien le sort du domaine dans cette famille jusqu’en 1768, date à laquelle il fut vendu aux Doublet de Persan, puis en 1770 à Silvain comte de la Marche, enfin en 1809 à la famille Périot, qui y demeura jusqu’en 1886. La chapelle appartient actuellement à M. et Mme Philippe Bougon-Colin. Elle a été l’objet d’un pèlerinage local, agrémenté d’une fontaine, qui fut très fréquenté aux XVIIème et XVIIIème siècles. Il reprit un peu de lustre au XIXème, le 1er dimanche de septembre. Mais la statue de la Vierge de Pitié (XVIème ou début du XVIIème s.), réputée miraculeuse, qui surmontait l’autel, a été dérobée en 1977. On s’efforce actuellement de redonner vie au sanctuaire.
Le principal mérite de cet humble édifice (22 m x 9 m) réside dans sa charpente lambrissée en forme de berceau en plein cintre. Ses éléments en bois de châtaignier sont réapparus sous l’effondrement partiel d’une voûte en plâtre établie vers 1911. Ils attestent que ce mode de couvrement alors désuet était encore en faveur à la fin du Grand Siècle en milieu rural, où presque partout existaient d’excellents charpentiers. Cela invite à la prudence à propos de certaines datations hâtives.
La restauration de la charpente sur la totalité du couvrement est la condition de la survie du monument. Elle est en voie d’achèvement. C’est pourquoi la Sauvegarde de l’Art Français a accordé en 1997 une subvention de 100 000 F.
J. Th.