Hauts-de-France, Nord (59)
Croix, Église Saint-Martin
Édifice
Grâce à la générosité d’un mécène privé, cette église du XIXe s. a pu bénéficier de l’expertise de la Sauvegarde de l’Art français
Construite en 1847-1848, à l’emplacement d’un modeste sanctuaire entouré d’un cimetière, l’église Saint-Martin est la première grande église néogothique du Nord et la première œuvre importante de l’architecte Charles Leroy (Lille 1816-1879), contemporain de Viollet-le-Duc (1814-1879), qui réalisa au moins trente-sept églises et cinq chapelles dans la région lilloise, sans compter ses nombreuses restaurations. C’est en particulier lui qui dirigea le chantier de construction de la future cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille depuis le début des travaux, en 1854, jusqu’à l’inauguration du chœur – sans les chapelles – en 1869.
Le rapide essor de la ville de Croix rendit nécessaire une seconde campagne de travaux qui fut menée, de 1879 à 1883, par Alphonse Dubuisson. Ce dernier ajouta à l’édifice un transept à collatéraux et un nouveau chœur, sans collatéraux, ménageant autour de la croisée du transept un espace particulièrement vaste.
Le plan est classique et fonctionnel, le parti clair et les matériaux simples, en l’occurrence les briques locales et la pierre de Lezennes pour les maçonneries, à l’exception des piliers, réalisés en pierre de Soignies. Les voûtes, qui simulent la pierre appareillée, sont faites de plâtre et de chaux et montées sur une ossature de bois.
Dotée de vitraux à la fin du siècle, puis de peintures murales, aujourd’hui en partie dissimulées sous un enduit clair, l’église abrite plusieurs œuvres d’art, en particulier une intéressante « Descente de croix » de Pharaon de Winter[1]. Elle eut à souffrir dans la seconde moitié du XXe s. d’un défaut d’entretien généralisé, en particulier dans ses couvertures, ce qui amena l’effondrement de certaines sections de voûtes et la fermeture de l’édifice.
La commune a lancé un ambitieux programme de travaux visant à sa rénovation complète, depuis les couvertures et l’assainissement périphérique jusqu’à la restauration des vitraux et de l’intégralité du décor intérieur.
Pour participer à une première tranche de travaux, la Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 10 000 € en 2012.
Philippe Seydoux
L’ÉGLISE SAINT-martin A REÇU LE PRIX spécial de la RÉDACTION du PÈLERIN, ATTRIBUÉ PAR LA SAUVEGARDE DE L’ART FRANÇAIS EN 2014:
[1] Originaire de Bailleul, directeur des cours de dessin et de peinture à l’École des Beaux-Arts de Lille en 1887, Pharaon de Winter (1849-1924) réalisa de nombreux portraits, mais aussi des peintures religieuses. Il est possible que les deux panneaux de la vie du Christ conservés dans l’église Saint-Vincent de Marcq aient été conçus pour accompagner la « Descente de croix » de l’église Saint Martin.