Bretagne
Pleyber-Christ, Paroisse, Croix de procession
Objet d’art
Une croix de processions « finistérienne »
Cette croix de procession est exceptionnelle par son ampleur, il s’agit de la plus importante des croix de processions dites « finistériennes ».
Cassée à sa base, elle a nécessité une restauration. Elle a été commandée par la paroisse de Pleyber-Christ dans le contexte d‘extraordinaire afflux de richesse que connut l’évêché de Léon par le commerce du lin, les toiles étant tissées dans de petits ateliers avant d’être exportées au niveau international (Angleterre, Portugal,…) par la mer, notamment le port de Morlaix tout proche de Pleyber-Christ. Cette prospérité économique permit de bâtir les enclos paroissiaux, auxquels l’église de Pleyber-Christ appartient, mais les plus beaux enclos sont ceux voisins de Saint-Thégonnec et Guimiliau.
Un chef d’œuvre nécessitant une restauration.
Il est conservé la trace d’au moins quatre restaurations depuis sa création (1763, 1808, 1829, 1857). Cet objet vieux de quatre siècles fait toujours parti de la vie de la commune où il se trouve, ainsi la croix est toujours exhibée lors de fêtes locales. La douille à la base de la croix ne permettait cependant plus de la fixer en toute sécurité sur sa hampe, et certains détails avaient été abimés ou manquaient. La vie de cet objet incroyable a donc nécessité une restauration de plus en ce début de XXIème siècle. Un devis de restauration a été réalisé par un orfèvre spécialisé en collaboration avec la mairie et la DRAC. L’avis du plus grand spécialiste de l’orfèvrerie bretonne, Yves-Pascal CASTEL a été sollicité.
Un chef d’œuvre d’orfèvrerie de la Contre-réforme.
La richesse de cette croix d’argent, dont on ne sait si elle était dorée à l’origine, s’inscrit dans le contexte de la Contre-réforme, et participe à l’idée de faire des églises des lieux magnifiant le divin par le faste. La production d’orfèvrerie des paroisses concernées par le commerce de la toile fût abondante, les trésors en gardent encore la trace, et l’influence baroque est très visible notamment dans les retables. Cette œuvre d’art exceptionnelle, un des premiers objets classés Monument historique du Finistère, est un chef d’œuvre par son ampleur mais également par la maitrise technique remarquable dont a fait preuve l’orfèvre morlaisien Guillaume Desboys. En effet pas moins de dix techniques sont utilisées pour travailler le métal : planage, ciselure, repoussé-ciselé, guilloché, mati, coquillé, filière, matage, estampage, fondu. Le nœud, de plan hexagonal, est un morceau d’architecture monumentale, apparenté au style classique. La croix présente le Christ entouré de la Vierge et de saint Jean, ces rondes bosses sont parmi les plus belles de l’orfèvrerie bretonne conservée.
Projet mené par Guillaume Denniel, étudiant de l’École du Louvre