Pays de la Loire, Sarthe (72)
Cré, Église Saint-Martin-de-Vertou
Édifice
L’église paroissiale de Cré, placée sous le vocable de saint Mar tin de Vertou, est, en dépit de son aspect extérieur actuel, un édifice dont les parties les plus anciennes remontent au XIIe s. Un oratoire aurait été fondé en 1047, sous l’épiscopat d’Eusèbe, évêque d’Angers, par le prêtre Jirbaut, fils du seigneur du lieu. L’église romane souffrit à plusieurs reprises, notamment pendant les Guerres de Religion. Elle fut remise en état au XVIIe s. Enfin, d’importants travaux d’agrandissement furent entrepris au XIXe s., en 1821, de 1853 à 1861, puis en 1883. L’église se compose d’une nef de quatre travées, éclairée par trois grandes fenêtres en plein cintre de chaque côté et voûtée d’ une belle charpente lambrissée à décor peint. Sur la dernière travée de la nef s’ouvrent deux chapelles, celle de saint Sébastien ou de la Vierge du côté nord (1821), celle de saint Louis du côté sud, fondée en 1647. Ces chapelles dessinent une sorte de transept qui n’existait pas à l’origine. Le chœur, plus étroit et plus bas, comprend une partie droite qui communique avec l’ancienne sacristie du XVIIIe s., devenue « chapelle pour les enfants » un siècle plus tard, et avec le clocher du côté nord ; une nouvelle sacristie a été édifiée au XIXe s. sur le côté sud. Le chœur se termine par une abside semi-circulaire voûtée en plâtre. Un plan de l’édifice de 1787 porté sur l’« inventaire des titres et papiers de la fabrique de 1’église paroissiale de Saint-Martin-de-Cré » permet de mieux déterminer la nature des travaux du XIXe s. : à la fin de l’Ancien Régime, un porche mentionné sous le terme de « gallerie » permet d’accéder à l’église; la nef compte trois travées; la chapelle Saint-Louis ouvre sur la nef à la hauteur de la troisième travée ; la chapelle de la Vierge n’existe pas encore ; sur le côté nord ne figurent que la sacristie et le clocher ; l’église se termine par un chevet plat. Les campagnes du XIXe s. modifient donc la façade en ajoutant à l’édifice une quatrième travée, créent une sorte de transept par la construction de la chapelle Saint-Sébastien ou de la Vierge (1821) et réalisent une abside semi-circulaire et une nouvelle sacristie. L’architecte du projet, Alfred Tessier, décrit ainsi l’église en 1853 : elle « offre dans son ensemble la forme d’une croix latine ; elle est terminée par un chœur à chevet carré, avec une tour carrée également au nord de ce chœur. La nef et le chœur ont conservé les caractères de la construction primitive qui datait du XIIe s. Les deux transepts sont beaucoup plus modernes. La sacristie est au nord entre la tour et le transept ». L’ensemble des ouvertures primitives de la nef furent également agrandies pour s’harmoniser avec celles de la première travée. L’élément qui a le mieux traversé les siècles demeure donc le clocher carré roman, élevé sur le flanc nord de l’église, contre le chœur ; sa base massive qui est percée d’une simple ouverture étroite en plein cintre contraste avec sa partie supérieure dotée sur chacune de ses faces de baies géminées, de plein cintre, hautes et étroites. A l’intérieur, l’œil est attiré par le décor peint de la voûte lambrissée qui rappelle, en plus sobre, celui de l’église de Bazouges où vingt-six personnages alternent avec des arbres. A Cré, l’arbre de la connaissance du bien et du mal dont les branches renferment parfois une tête de mort, et des chevaliers au visage macabre rappellent au fidèle, par leur programme didactique, les premières pages de l’Écriture. On remarquera également la chaire du XVIIIe s. attribuée au sculpteur de La Flèche, Legeai, et un tableau représentant le Christ et les Pèlerins d’Emmaüs, tous deux classés Monuments historiques. Pour la réfection d’une partie de la couverture de cette église non protégée, la Sauvegarde de l’ Art Français a octroyé des subventions de 53 000 F en 1994 et de 15 000 F en 1995.
E. G.-C.