Normandie, Eure (27)
Courdemanche, Église Saint-Pierre
Édifice
La cour du seigneur » (Curtis dominica), telle est l’origine du toponyme de Courdemanche, dont l’église paroissiale Saint-Pierre est construite à proximité de la voie romaine Évreux-Dreux. Au XIIe s., son patronage est compris dans la dotation que le seigneur du lieu, Hugues de Châteauneuf, fait à son abbaye de Saint-Vincent-aux-Bois (Eure-et-Loir) lors de sa fondation en 1130. Ce sont désormais les religieux qui vont desservir la paroisse; sans doute est-ce là l’origine de la tradition qui veut qu’ un prieuré ait existé à Courdemanche. L’édifice, qui possède son enclos, reste totalement isolé et à l’écart d’une paroisse éclatée en trois ou quatre hameaux (Laubette, Les Grès, le Blanc Fossé). L’église, à volume unique de plus de trente mètres de long, se compose d’une nef à la maçonnerie de silex liée au mortier, en assise régulière en partie encore enduite. L’examen de la structure montre qu’à l’évidence l’édifice a été repris pour toute la partie supérieure du pignon ouest (à deux contreforts et baie haute) et du mur sud de la nef, sans doute au XVe s. ou au début du XVIe lors de la reconstruction qui suivit la guerre de Cent Ans. Le mur nord de la nef, avec ses deux petites baies en plein cintre, est sans doute d’époque romane. Le chœur, à deux travées et trois pans, est épaulé de contreforts d’angle. Il a été reconstruit à la même époque que la nef, en moellons, les fenêtres sont en tiers-point. L’entrée actuelle se fait au sud, sous une baie fortement chanfreinée que surmonte un arc reposant sur des culs-de-lampe. L’intérieur présente une belle char pente du début du XVIe s., en berceau brisé à entraits chanfreinés et poinçons hexagonaux bagués. Les lambris (datés de 1742) et les pièces de charpente sont décorés de motifs colorés peints au pochoir (figures géométriques, rinceaux, hermines). Le clocher s’élève au-dessus de la première travée de la nef. Une petite sacristie, en brique et silex, est appuyée sur la partie nord du chevet, et a entraîné l’arasement du contrefort nord du chœur. Elle se prolonge par un bâtiment aujourd’hui ruiné, dit le Prieuré, comportant un cellier voûté à niches latérales. C’est peut-être sa situation excentrée qui a entraîné pendant des années un évident désintérêt pour cet édifice dont la situation devint catastrophique dans les années 1970, notamment lorsque les vitraux, classés Monuments historiques, furent l’objet d’actes de vandalisme. Le riche mobilier fut mis en lieu sûr et l’architecte des Bâtiments de France fit étayer la voûte alors que certains habitants parlaient déjà d’une démolition. À partir de 1998 la commune réagit et entreprit d’importants travaux de première urgence, notamment le redressement de la charpente et la restau ration du pignon et du clocher qui menaçaient de s’effondrer. La bénédiction et la pose d’un nouveau coq de clocher, le 6 mars 1999, ont accompagné l’achèvement de la restauration de l’église et témoigné du regain d’intérêt des habitants pour cet édifice. Ces importants travaux ont été effectués grâce notamment à une aide de 200 000 F de la Sauvegarde de l’Art français en 1999.
L.D