Normandie, Orne (61)
Coulmer, Église Saint-Martin
Édifice
Église paroissiale de Coulmer, dédiée à saint Martin, dresse son beau volume dans un paysage vallonné, au creux d’une courbe de l’axe Rouen-Alençon. De fondation ancienne, puisque les premières mentions remonteraient au XIVe s., l’édifice actuel date de la fin du XVe s., comme en témoigne la porte sud de la nef actuellement bouchée, d’inspiration flamboyante ; il a, par la suite, été agrandi au XVIe s. ou au XVIIe s. par l’adjonction d’un imposant clocher de plan carré et remanié au XVIIIe s., époque à laquelle de nombreux aménagements intérieurs ont été aussi réalisés.
L’église, précédée à l’ouest par un haut clocher à trois niveaux, comprend une nef de trois travées et un chœur plus court et de moindre volume, originellement à chevet plat, mais qui, depuis l’adjonction postérieure d’une sacristie parfaitement intégrée dans le volume général de l’édifice, se termine par une abside à trois pans. L’ensemble des baies – aussi bien celles de la nef que du chœur – a été percé au XVIIIe s., comme en témoigne leur large tracé cintré. Des contreforts de pierre épaulent l’édifice, angulaires pour la nef et plats ailleurs. Ils forment avec le soubassement du clocher, les larmiers soulignant chacun de ses niveaux, les chaînages d’angle et les encadrements des ouvertures les rares éléments de pierre d’un édifice construit en moellons de grès.
Originellement couverte de petites tuiles sur la nef et le chœur et de bardeaux de chêne sur le clocher, l’église a reçu à l’occasion des travaux de la deuxième moitié du XIXe s., dans les années 1860, une couverture d’ardoises.
L’intérieur de l’édifice attire l’attention par la qualité, la richesse et l’homogénéité de son décor qui témoigne d’une campagne majeure au XVIIIe S., poursuivie au XIXe siècle. Chacun des volumes de la nef et du chœur est couvert d’une voûte lambrissée en berceau au décor peint ; dans la nef, le motif au pochoir d’un trèfle à cinq feuilles, tantôt rose, tantôt bleu, suit un élégant tracé géométrique ; dans le chœur, les motifs, plus recherchés, se détachent sur un fond bleu par bandes alternées. La puissante corniche qui ceint le pourtour de la nef, les lustres de cristal qui scandent les travées, les bancs de bois et les lambris à mi-hauteur concourent pour une large part à l’effet d’élégance, tandis que la polychromie apportée par les décors au pochoir utilisés pour les encadrements intérieurs des baies et des portes ou pour le mur de séparation entre la nef et le chœur, produit une note heureuse. L’œil est attiré vers le grand maître-autel qui domine de sa puissante architecture le volume du chœur et dont la réalisation s’est accompagnée vraisemblablement de la construction de la sacristie en arrière ; il présente dans le retable central une Adoration des bergers dont la facture est de qualité ; mais l’effet de profondeur produit est accusé par la disposition savante des autels latéraux reliés entre eux par un grand arc cintré élégamment mouluré et amorti par des volutes ; il forme comme un grand arc diaphragme et cette disposition recherchée témoigne du soin apporté à l’embellissement du décor.
Profondément atteinte par la tempête, la couverture de l’église impose une réfection totale aussi bien sur le chœur, la nef que le clocher. Pour ces travaux à l’occasion desquels les matériaux d’origine doivent être restitués, la Sauvegarde de l’Art français a octroyé une subvention de 25 916 € en 2000.
É. G.-C.