Île-de-France
Rosny-sur-Seine, Église paroissiale de Saint-Jean-Baptiste, La Fuite en Egypte
Peinture
La Fuite en Egypte fait partie d’un ensemble offert par le peintre Camille Corot à l’ancienne église paroissiale avec les quatorze stations d’un chemin de croix. Œuvre tout à fait exceptionnelle qui montre une fois de plus le talent de ce précurseur de l’impressionnisme, elle méritait d’être protégée car les craquelures et la toile complètement détendue menaçaient sa beauté et empêchaient sa présentation au public.
A la croisée des chemins entre néoclassicisme et impressionnisme
Cette scène biblique a été peinte en 1839 et présentée au salon de 1840. A partir de cette époque, Corot attire l’attention de ses contemporains. Ce paysagiste, réputé pour ses vues magistrales d’Italie, échappe pourtant aux écoles. Des »modernes » il tient son traitement réaliste des arbres et des rochers, alors qu’il s’attache obstinément aux thèmes néoclassiques. C’est en travaillant en plein air, notamment dans la forêt de Fontainebleau et à Barbison, que Corot va approfondir ses recherches sur la lumière et sa prédilection pour le paysage saisi sur le vif qui anticipent l’impressionnisme. Claude Monet dira en 1897 »Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien ». Ses nombreuses études de paysages sont destinées à être réemployées dans des compositions plus ambitieuses, à caractère historique, religieux ou mythologique. Nous y voilà ! La Fuite en Egypte est une de ses œuvres totalement inédites qui font la renommée de l’artiste.
Une œuvre convoitée
A la suite de la loi de 1905, il est initialement prévu que la toile soit donnée à l’Etat. Mais la commune de Rosny-sur-Seine proteste en 1913, se rendant compte du bijou qu’elle allait abandonner, et tente de le récupérer. C’est finalement elle qui aura le privilège de se voir attribuer la Fuite en Egypte en 1919, après décision du Conseil d’Etat.
Cette œuvre, manifeste du plus beau travail de Corot, a beaucoup voyagé lors d’expositions. D’abord présentée à Londres en 1965, elle enrichit l’exposition Corot à l’Orangerie en 1975, elle est ensuite demandée à Mantes, à Nantes, au Grand Palais, à Piacensa. Montrée à Tokyo en 1989, elle en revient détériorée.
une restauration qui a permis de Remettre la toile sur le devant de la scène
Une intervention mineure a été effectuée en 2001. Il s’agissait ensuite de pouvoir présenter à nouveau l’œuvre au public. La toile était en effet très détendue, un encrassement général léger altérait les couleurs, des craquelures apparaissaient avec des filaments sûrement dus à l’altération du vernis d’une restauration antérieure. De plus, rien n’était prévu pour recevoir la peinture. Il fallait protéger ce trésor bien souvent demandé pour illustrer des expositions afin qu’il puisse être de nouveau visible pour le plaisir du grand public.