Le château de Corlay, mentionné pour la première fois en 1276, aurait été construit en 1195 par Henri de Corlay, selon la tradition. Il semble plus vraisemblable qu’il a été construit entre 1169 et 1247, par Alain III de Rohan, fondateur en 1184 de l’abbaye de Bon-Repos à laquelle il donne des terres à Corlay. Ruiné entre 1461 et 1471 au cours de la guerre de Cent Ans, le château est rebâti par Jean de Rohan de 1475 à 1493, par autorisation du duc de Bretagne François Il, confirmée par une lettre patente du roi Charles VIII, toutes deux en date du 23 décembre 1491. Il est construit en grand et moyen appareil de schiste et de granit, selon un plan quadrangulaire flanqué aux quatre angles d’une tour ronde, une cinquième tour défendant le portail d’entrée. Il est entouré à l’est et au nord d’un étang alimentant les douves qui l’entourent sur les deux autres flancs. Occupant un site stratégiquement important, la forteresse fut l’un des hauts lieux des guerres de la Ligue en Bretagne. Détenue par les troupes royales, elle fut en 1592 conquise par le duc de Mercœur, qui y mit en garnison des troupes espagnoles ; celles-ci réalisèrent de nombreux terrassements, probablement à l’usage de l’artillerie. Plusieurs fois pris et repris par les ligueurs et les royaux, le château était déjà en fort mauvais état, puisque l’un des planchers s’effondra au cours d’une réception donnée par le ligueur Guy de la Fontenelle, qui l’avait repris en 1594. Après la capitulation de ce dernier en 1595, au cours d’un siège mémorable, il fut maintenu au rang de capitainerie, mais sans garnison, et il fut démantelé en 1616. Laissé à l’abandon, le château sombra peu à peu en ruines : la tour du midi, dite tour de la Miséricorde, fut arasée au XVIIIe s. pour permettre la construction d’un logement pour le receveur de la châtellenie. Acquise par le département le 28 frimaire an VII (18 décembre 1798), la forteresse servit de carrière pour la restauration de l’église en 1806. Au XIXe s. y furent établis la gendarmerie et les haras, mais les fortifications restèrent sans entretien jusqu’au rachat par la commune en 1978. Depuis, un effort notable a été fait pour la mise en valeur des ruines et la réhabilitation des bâtiments : l’ancienne gendarmerie est aujourd’hui transformée en logements sociaux et les anciens haras abritent depuis 1989 une maison du cheval, une bibliothèque et des salles d’exposition et de réunion. Le château offre aujourd’hui une silhouette extrêmement mutilée : plus de la moitié de l’enceinte est irrémédiablement détruite, de même que la plupart des tours ; les douves ont été comblées. Les vestiges subsistants (tour nord-ouest, courtines, étang, portail d’entrée à double porte cochère et piétonne) rappellent encore cependant la splendeur passée et maints détails de construction évoquent une architecture caractéristique de l’extrême fin du XVe siècle. Le château ayant appartenu à la famille de Rohan, la Sauvegarde de l’Art français a accordé, à titre tout à fait exceptionnel, une aide de 50 000 F pour un remontage en stricte conservation de la partie écroulée du rempart (courtine et tour nord).
C.H.-C.