Auvergne-Rhône-Alpes, Ain (01)
Corbonod, Église Saint-Maurice
Édifice
L’église Saint-Maurice est mentionnée dans le pouillé du diocèse de Genève du milieu du XIVe s. (vers 1345), mais elle devait être antérieure à cette date. L’évêque nommait directement le curé. Le chœur fut reconstruit à l’époque gothique, puis entre 1482 et 1581, cinq chapelles latérales furent édifiées : Saint-Claude du seigneur de Grex, Sainte-Apollonie des seigneurs de Silans, comtes de Montmayeur, Saint-Étienne des Morel, Saint-Jean-Baptiste des Guillot, entretenue à partir du XVIIe s. par la confrérie du Rosaire, et enfin Saint-Pierre, des Michel ou Michard, fondée par le prêtre Pierre Michaelis (Michard) en 1506.
En 1697, le curé, Claude-François Récamier, fit reconstruire la nef par trois maçons d’Hotonnes en Valromey. Le « prix-fait » portait sur « les trois bonets de la voste de la nef, les trois arc deblaud [doubleaux] pour séparer les bonets, et les deux demy branches d’augive sur les murailles [arcs formerets], quatre arboutant, deux de chaque costé avec les deux angles sur le devant, en talus ». Il mentionnait aussi le portail « avec sa base et chapiteaux doriques, arquitraive [architrave] et autres assortiments pour le rendre en ordre dorique ». Ce prix-fait prévoyait encore les fenêtres de la nef et l’œil-de-bœuf ouvert au dessus du portail, ainsi que la sacristie à deux « bonets ». Par la suite, on rebâtit le clocher en façade en construisant aussi une tribune à balustres de pierre datée, par une inscription, de 1723. Au XIXe s., on reconstruisit la partie supérieure du clocher et on fit communiquer les deux chapelles latérales nord en réédifiant peut-être celle de l’est (v. 1830 ?).
L’église se présente donc maintenant avec un clocher-porche en saillie sur la façade, sous lequel on voit le portail dorique de 1697. La nef compte trois travées voûtées en 1700 et 1701 (dates gravées sur les clefs) dans le style gothique (ce qui est une originalité de cette église), mais avec des fenêtres en plein cintre. La tribune est portée par trois arcs en plein cintre reposant sur deux piliers carrés, dont l’un porte l’inscription : « Ad majorem Dei gloriam haec posuit DD Claudieus [sic] Franciscus Récamier, 1723 ». Sur les deux travées les plus proches du chœur, s’ouvrent les deux chapelles réunies au XIXe s., celle de l’ouest étant gothique et voûtée sur une croisée d’ogives avec écusson repeint à la clef, et avec des claveaux de profil inhabituel (un chanfrein et un cavet). Cette chapelle passe pour être celle des seigneurs de Silans, car on y voit les tombes de Melchior Passerat de Silans (1806) et de dame Level, sa belle-fille (1809).
L’abside à cinq pans est voûtée sur une croisée à six branches d’ogives ; la clef porte un écusson frappé de la croix de Savoie. La fenêtre axiale est à deux formes et mouchettes flamboyantes (XVe s.), tandis que les fenêtres des pans coupés sont à une seule forme et beaucoup plus petites et étroites.
Décors floraux peints autour des ouvertures de la nef (vers 1700). Vitraux de la fenêtre d’axe : le Sacré-Cœur à gauche, et la Vierge au glaive à droite. Statues en bois doré de la Vierge à l’Enfant, Saint Vincent, Saint Maurice, Sainte Agathe (XIXe s.) ; peinture murale représentant la Nativité, par Francis Montanier, 1934.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé 10 000 € en 2005 pour des travaux de maçonnerie, charpente et couverture.
Paul Cattin
Bibliographie :
Arch. dép. Ain : C 266 (fin XVIIIe s.), 3 E 13782, 30 (prix-fait notarié de 1697), série O (affaires communales du XIXe s.), Manuscrit Bazin (vers 1850).
Arch. dép. Haute-Savoie : 1 G 31, 246 (fondation de 1506), Visites pastorales du diocèse de Genève (1482 à 1581).
Richesses touristiques et archéologiques du canton de Seyssel, Hauteville, 1989, p. 93-95.