Normandie, Orne (61)
Comblot, Église Saint-Hilaire
Édifice
L’église paroissiale de Comblot, placée sous le vocable de saint Hilaire, constitue un ensemble original, sur les bords de l’Huisne, et son décor intérieur retient l’attention par l’ampleur de son programme en regard de la modestie extérieure du bâtiment. De sa construction à l’époque romane, il subsiste quelques vestiges, comme la trace d’une ouverture murée ou le tracé des murs gouttereaux de la nef. L’église est, il est vrai, bien mentionnée dans le cartulaire de l’abbaye Saint-Denis de Nogent-le-Rotrou comme ayant été donnée à cette dernière, en 1223, par le seigneur du lieu, Robert de Comblot. Elle fit l’objet d’une reprise très importante au XVIe siècle. C’est de cette époque que date en effet la charpente dans son volume général. Au siècle suivant, les campagnes de travaux portèrent sur la reconstruction du massif occidental. Des réparations sont signalées en 1733 et 1824. La sacristie est un appendice du XIXe siècle. L’église se présente sous la forme d’un vaisseau unique se terminant par une abside semi-circulaire; elle est précédée à l’ouest par un clocher-porche; une sacristie a été ajoutée sur le flanc nord. Construite en moellons, l’église est couverte d’une toiture de tuiles, à l’exception de la couverture d’ardoises du clocher ; d’épais contreforts scandent sa face sud. L’irrégularité des ouvertures prouve la périodicité des interventions. Original par sa structure, le clocher-porche, qui repose sur une base carrée, adopte un plan octogonal au premier niveau; épaulé par quatre puissants contreforts d’angle, il est couronné d’un clocher couvert d’ardoises, de plan également octogonal. Une élégante corniche de pierre de taille le ceinture. À l’intérieur, l’église est couverte d’une voûte lambrissée qui, par son profil et la structure de ses entraits, évoque les chantiers du XVIe s. ; la différence des moulurations révèle cependant plusieurs époques d’intervention ou de réutilisation des matériaux ; le lambris, en très mauvais état de conservation, a été refait au XIXe s., à l’exception de la partie qui couvre le chœur, plus ancienne. Mais c’est davantage par l’ensemble du décor monumental que le regard est attiré. Le maître-autel principal, de pierre polychrome, est accompagné de deux parties en retour, à niches, qui, par leur plan en biais, épousent l’abside. Ce retable monumental, du XVIIe s., révèle une composition savante. L’ensemble de l’abside est orné d’un maître-autel dans la partie centrale et de retours sur les pans coupés. Des colonnes cannelées, simples sur les côtés, jumelées dans la partie centrale, scandent l’ensemble. Le tableau du maître-autel représente une Annonciation. Corniche saillante, large entablement, frontons triangulaires brisés des côtés accentuant l’élévation du large fronton central conçu lui-même avec science, avec sa niche, ses volutes, ses colonnes et son couronnement, frontons à trumeaux et pyramides sur les parties latérales concourent à une œuvre de qualité. Les niches du registre inférieur sont occupées par deux statues, l’une tardive, du XIXe s., d’un Sacré-Cœur, l’autre, plus ancienne représentant un saint Sébastien. L’entrée du chœur lui-même est en quelque sorte fermée par des autels latéraux, de pierre également, mais dont la composition plus tardive permet de dater leur commande du XVIIIe siècle. Dans ces retables figurent au-dessus de l’autel de gauche une Descente de croix et de celui de droite une Mise au tombeau ; des niches ornées de statues, la Vierge à gauche, saint Nicolas à droite, couronnent l’ensemble. Le mauvais état des soubassements et des glacis des contreforts imposait une reprise des maçonneries extérieures ; la charpente du chevet exerçait des poussées sur les murs tandis que la voûte lambrissée de la nef présentait un réel danger en raison du risque de chute des lattes. Pour la restauration de la voûte dont sa dépose et pour le drainage de l’édifice avec reprise des maçonnerie dans leur soubassement, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 60 000 F en 1998.
- G.-C.