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L’église paroissiale de Colombiers, placée sous le vocable de Notre-Dame, est un des édifices les plus intéressants de la région de Châtellerault. Mentionnée dès 936, l’édifice a été rebâti à l’époque romane et doté, au début du XIIIes., d’un chœur voûté sur croisée d’ogives. Une campagne de restauration importante a été menée par la suite, au XVesiècle. L’église était à la nomination de l’abbé de Nouaillé.

Le plan de l’édifice se compose d’une nef de quatre travées, d’une travée de clocher plus étroite et d’un chœur comprenant une travée droite poursuivie par une abside semi-circulaire. Si la travée droite est voûtée sur croisée d’ogives, l’abside l’est en cul-de-four et la travée de clocher comprise entre la nef et le chœur l’est sur croisées d’ogives datant du XVesiècle. Des modifications sont intervenues dans la nef lors de son voûtement au XVes., faisant disparaître la charpente jusque-là apparente. La façade occidentale, sobre, est percée d’une élégante porte à voussures sculptées de demi-cercles adossés, de rubans et de palmettes, elle-même surmontée d’une corniche à modillons, tandis que la partie supérieure du mur-pignon l’est d’une simple fenêtre en plein cintre. C’est cependant le chevet qui retient le plus l’attention, par la qualité de son appareil et de son décor sculpté ainsi que par l’élégance des colonnes contreforts qui le rythment, 

L’église, construite en bel appareil de tuffeau, souffre d’une implantation à mi-pente d’une dénivellation, ce qui a favorisé d’importants désordres de maçonnerie, accentués à notre époque par la proximité de la route. Pour y remédier, des contreforts extérieurs ont été édifiés : l’un épaule le chevet, un autre, puissant, de forme trapézoïdale, contrebute le clocher, tandis qu’une série de contreforts plats, irrégulièrement disposés, tentent de contrarier, côté nord principalement, la poussée des voûtes et le dévers naturel.

Ancien portail dans le mur gouttereau nord et petites baies étroites et cintrées, aujourd’hui murées, témoignent des modifications de la nef au XVesiècle. Un grand fenestrage à réseau flamboyant a été percé dans le chœur, côté sud, pour donner plus de lumière au chœur, détruisant ainsi selon toute vraisemblance l’arcature qui rythmait, à l’origine, le mur gouttereau sud, dans sa face intérieure, de la travée droite du chœur, à l’exemple de celle qui subsiste de nos jours au nord. 

Le chœur se remarque par l’arcature régulière et puissante qui scande sa forme semi-circulaire, présentant une alternance de hautes colonnes adossées à chapiteaux et de demi-colonnes encadrant chacune des baies ou des niches et dont les chapiteaux prolongent avec bonheur les précédents. Cette arcature, au profil légèrement brisé, qui date la construction du chœur du tout début XIIIes., compte cinq baies dont la fenêtre d’axe, dotée d’un vitrail représentant l’Arbre de Jessé (1858), et deux niches profondes qui abrite une Annonciation en haut relief, d’une qualité exceptionnelle. Les deux figures, l’archange Gabriel à gauche et la Vierge à droite, occupent l’espace entier des niches. L’expressivité de leurs attitudes, la dimension des sculptures à l’échelle réelle, l’élégance des drapés en éventail font de ce programme iconographique et pédagogique un exemple tout à fait unique, de qualité, dont la mise en scène, presque théâtrale, bénéficie d’effets de perspectives habilement traités.

 Après une première campagne de restauration achevée en 2007, la restauration du clocher pour conforter sa stabilité et celles des maçonneries, tant du clocher que de la nef, formait la seconde phase des travaux pour laquelle la Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 16 000 € en 2007.

Élisabeth Caude

 

Bibliographie :

 Abbé Lalanne, Histoire de Chatelleraud et du Chatelleraudais, 1859, t 2.

Congrès archéologique de France, CIXe session, Poitiers, 1951, p. 301-308.

 

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