Grand Est, Aube (10)
Coclois, Église Saint-Maurice
Édifice
L’église Saint-Maurice de Coclois, dont les origines remontent au XIe s., était une succursale d’une église de Nogent-sur-Aube. L’édifice a subi de profonds remaniements à la fin du XVeet au début du XVIe s. notamment la reconstruction de sa nef. Ces travaux s’inscrivent dans le contexte du renouveau économique qui suit la fin de la guerre de Cent Ans. L’Aube se couvre alors de chantiers de modernisation et d’agrandissement des églises médiévales en mauvais état, tandis que se construisent de nouveaux sanctuaires. Dans un premier temps, les architectes restent fidèles au gothique flamboyant puis, dans les années 1500-1550, optent pour les canons de la Renaissance.
L’édifice, situé au centre du village, est une église-halle, de plan rectangulaire irrégulier, orientée N.N.E.-S.S.W., précédée d’un porche en bois et surmontée d’un clocher couronné d’une courte flèche auquel on accède par une tourelle située sur le bas-côté nord. Ces deux derniers éléments datent, comme l’aménagement intérieur, du XVIIe siècle.
La nef se compose de trois travées à deux collatéraux, disposition courante dans le département. Les piles cylindriques sont renforcées par des pilastres. Seul le chœur, à chevet plat et à pans coupés, a été reconstruit au XVIe siècle. Il n’y a pas de nef. La première travée du bas-côté nord du chœur fait office de chapelle de semaine.
Les pans coupés, qui apparaissent à l’abbaye de Montiéramey, créent de petits espaces triangulaires ouverts sur le chœur permettant à des fidèles de suivre les offices. Cette disposition, propre à la région, s’est propagée dans les villages situés autour de la forêt d’Orient. Dix-sept églises, sur une vingtaine qui présentent ce parti architectural, dépendent de cette abbaye. Parmi celles-ci se trouvent celles de Nogent-sur-Seine et de Coclois.
La nef est voûtée d’ogives à pénétration sans chapiteaux, alors que les voûtes des bas-côtés retombent sur de petits supports, et que celles du chœur sont à liernes et à tiercerons. Elle est éclairée par de larges fenêtres basses en plein cintre à remplages flamboyants. Ces fenêtres ont été garnies, au début du XVIe s., de vitraux historiés qui ont beaucoup souffert au cours du temps, et plus particulièrement pendant la seconde guerre mondiale, lors de l’explosion d’un dépôt de munitions situé à proximité de l’église. Seule une verrière posée en 1863 a échappé à cette destruction. Elle représente la Vie de la Vierge, sainte Élisabeth, saint Maurice et saint Charles Borromée. Les vitraux endommagés ont été restaurés par Gaston Vinum en 1947. Une verrière composite rassemble des éléments de vitraux épars, entre autres un saint abbé agenouillé sur un fond damassé, une donatrice à genoux sur un prie-Dieu présentée par sainte Catherine, un évêque bénissant et des armoiries, le tout figuré dans un cadre d’architecture.
L’église Saint-Maurice conserve aussi des objets classés Monuments historiques : des vitraux Renaissance (5 décembre 1908) ; une statue en bois de Vierge à l’Enfant, une statuette en bois de sainte Anne et la Vierge, toutes deux datées du XVIe s., les fonts baptismaux de la même époque, le maître-autel et son retable en bois du XVIIe s., de même que le tombeau en pierre des Réaulx daté de 1634 (9 octobre 1961).
L’édifice, sans travaux ni entretien depuis de nombreuses années, est très dégradé. La charpente présente de nombreux désordres : les assemblages sont rompus et les sablières ne sont plus soutenues, plusieurs pièces manquantes ont été grossièrement consolidées. Cette charpente a été remaniée à une date inconnue puisque, à l’origine, elle se composait de trois combles, un sur la nef et un sur chaque collatéral. Aujourd’hui, une seule charpente couvre l’ensemble de l’édifice. Les maçonneries sont aussi en très mauvais état. Si les parements extérieurs en craie sont bien conservés, l’intérieur, et plus particulièrement les combles, est construit en moellons dont certains sont tombés et d’autres ont perdu leur mortier en terre. Quant à la couverture en tuiles plates, elle est hors d’usage.
Pour aider la commune à entreprendre les travaux de restauration de l’édifice, la Sauvegarde de l’Art français lui a fait un don de 30 000 € en 2010.
Jannie Mayer