Cléry-Saint-André, Collégiale Notre-Dame, La Vierge de Cléry

Corentin Revy,  Raphaël Morin et Antonin Augier, étudiants à l’université d’Orléans, ont permis sauvetage d’une statue conservée à Cléry-Saint-André (45) en collectant 2170 euros avec l’aide du Plus Grand Musée de France.

L’œuvre

Cette sculpture en bois du XVIe siècle représente la Vierge Marie assise portant sur ses genoux l’Enfant Jésus. La polychromie de cette statue en bois a partiellement disparu. Marie porte un drapé avec de larges plis qui laissent discrètement entrevoir ses pieds. Ses bras sont tendus vers l’avant en signe d’offrande, elle fait don de son Fils au monde. Elle se tient
droite et porte une couronne sur sa tête d’où s’échappe une chevelure brune ondulée. Son regard se porte vers l’horizon, son visage se dessine parfaitement, ses pommettes sont teintées de rose. Son expression faciale est neutre et peu expressive. Il faut noter que son visage tout comme celui du Christ est de couleur plus mate que le reste du corps. Le Christ quant à lui est assis sur les genoux de sa mère, les jambes croisées. Il est entièrement nu, nous pouvons d’ailleurs apercevoir son appareil génital. Tout comme la Vierge, Il se tient droit et tient de la main droite un objet étrange de couleur rouge. Enfin son visage déjà adulte n’est pas tourné vers sa mère mais vers le monde. Ses pommettes sont très légèrement teintées de rose et sa courte chevelure brune est bouclée. La composition est entièrement symétrique. Le Christ est parfaitement disposé devant le buste de sa mère. Cet effort d’alignement accroît cette volonté de symétrie.

Le Miracle des larmes

En fin d’après-midi, le 26 mai 1670, les chanoines de la collégiale de Cléry sont témoins d’un phénomène totalement irréel. Pendant la prière du soir, ils voient subitement les visages de la Vierge et de l’Enfant devenir « d’une pâleur d’agonisant, et se couvrir de sueur et de larmes ».

Intérêts historiques et iconographiques

Cette statue est l’objet d’une vénération intense de la part de nombreux fidèles et pèlerins. Elle fut la source d’une grande dévotion de la part des grands et des rois du Royaume de France. On peut citer Philippe IV le Bel, Jean Dunois et surtout Louis XI. Ce dernier lui vouait une vénération toute particulière et ordonna que la collégiale de Cléry devienne chapelle royale et lieu de sa sépulture. C’est vers Notre Dame de Cléry qu’il se tournait pour espérer les bontés divines et gagner ses batailles notamment celles contre les Anglais dont celle à Dieppe en 1443.

Si cette statue est datée du XVIe siècle, son histoire est bien plus lointaine. En 1280, un paysan l’a découverte en labourant sa terre. Très vite on lui attribue un grand nombre de bienfaits et devient la source de nombreux pèlerinages. Si la statue actuelle n’est pas celle découverte en 1280, les fidèles et les pèlerins l’assimilent à l’originale. Depuis plus de 800 ans elle continue d’attirer de très nombreux pèlerins.

Son iconographie la rend unique dans le sens où cette statue possède un héritage roman tout en étant traitée dans un style renaissance. Cet anachronisme la détache de l’ensemble de la production artistique du XVIe siècle. Enfin, un intérêt tout particulier doit être donné à l’objet que tient le christ dans sa main droite dont la signification ne semble pas avoir été élucidée. S’agit-il d’un fruit, d’un morceau de corail ou encore d’un chardonneret ?

La restauration

La vierge de Cléry avait malheureusement souffert des affres du temps et nécessitait une restauration. Après un traitement insecticide, ses polychromies ont été refixées au bois, et ses fissures comblées. Un long nettoyage a permis ensuite de venir poser des retouches d’harmonisation.

La statue a été restaurée juste à temps pour le 600ème anniversaire de la naissance de Louis XI (3/07/1423).

Lien modèle 3D : skfb.ly/oqPLT