Normandie, Eure (27)
Claville, Église Saint-Martin
Édifice
Claverii villa, la villa de Claverius….telle semble être, pour la fin de l’Antiquité ou le haut Moyen Âge, l’origine du toponyme Claville. Il est certain qu’au XIe s. existent déjà une communauté paroissiale et sans doute une église dont la dédicace à saint Martin atteste l’ancienneté. En 1183, Raoul du Bois-Hubert en cède le patronage ainsi que les dîmes à Rotrou, doyen du chapitre d’Évreux, donation confirmée l’année suivante par une bulle pontificale. Comme bon nombre d’églises normandes, celle de Claville fut ruinée pendant la guerre de Cent Ans et reconstruite aux XVe et XVIe s., en commençant sans doute par le chœur.
L’édifice est entièrement en pierre de taille calcaire et comprend à l’ouest une large nef de cinq travées percées de grandes baies en tiers-point à remplages, séparées par des contreforts à pinacles. Le pignon occidental au rampant à crochets se signale par sa porte d’époque Renaissance en anse de panier : encadrée par des pilastres, elle est surmontée d’un entablement portant un décor sculpté de volutes, de rinceaux, de feuillages, d’angelots et d’une Légende de saint Martin. Le chœur, plus étroit et désaxé, à trois pans et contreforts d’angles, présente les mêmes caractéristiques que la nef. Il est flanqué en partie sud d’une tour-clocher très saillante, de plan carré, datée de 1517 et épaulée de gros contreforts dont la toiture à double égout est couverte en ardoise. Entre le chœur et la tour-clocher s’élève le pavillon de la sacristie, en pierre de taille.
L’intérieur de l’église se compose d’un volume unique avec une nef à charpente apparente et voûte lambrissée reposant sur des sablières hautes, posées sur les murs gouttereaux. Cette partie de l’édifice est homogène et a probablement été reconstruite vers 1530. Le chœur présente un couvrement en croisée d’ogives reposant sur des culots, de même que le rez-de-chaussée de la tour-clocher. Il faut signaler une belle série de vitraux historiés contemporains de l’édifice (saint Pierre, saint Roch, saint Sébastien, saint Jean-Baptiste), les autres verrières étant l’œuvre de l’atelier Duhamel-Marette (fin du XIXe siècle).
Ignorant l’existence de la Sauvegarde de l’Art français, la commune a effectué depuis vingt ans plus de 800 000 F de travaux sur son église, notamment, entre 1990 et 1994, sur les parties intérieures du chœur et de la nef et sur les parements de la nef et du pignon ouest. Ces travaux arrivent maintenant à leur terme ; demeure la restauration générale de la sacristie.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 6 860 € en 2002 pour les travaux de maçonnerie, charpente et couverture.
L. D.
Bibliographie :
A. Le Prévost, Mémoires et notes pour servir à l’histoire du département de l’Eure, éd. L. Delisle et L. Passy, Évreux, 1862-1869, t. I, p. 352-353 : « Bois-Hubert »; p. 515-517 : « Claville ».
M. Charpillon et abbé A. Caresme, Dictionnaire historique de toutes les communes de l’Eure, t. I, Les Andelys, 1868, p. 774-777 : « Claville ». (Réimpressions : Paris, 1966, 1992.)
M. Baudot, « Les églises des environs d’Évreux », Nouvelles de l’Eure, n° 16, 1963/2, p. 31.
Dictionnaire des églises de France, t. IV B, Normandie, Paris, 1968, p. 45 : « Claville ».