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Église Saint-Martin, autrefois à la présentation du chapitre Notre-Dame de Chartres.

Le village s’étend entre la plaine beauceronne, la Conie, une rivière imprévisible,  et quelques bois, vestiges d’une petite forêt. Dans le pouillé de 1633, le village est mentionné Civri-la-Forêt.

Au centre du bourg, l’église Saint-Martin a la particularité d’avoir survécu à deux incendies, entre juillet et octobre 1870 : le premier d’origine accidentelle, le second dû à l’armée prussienne  et n’ayant épargné aucune construction hors le sanctuaire et l’école[1].

L’édifice a été construit au XIIe s. comme l’attestent, entre autres, les traces de trois anciennes petites fenêtres ; la baie d’axe seule vient d’être rétablie.

Son plan est presque rectangulaire, la nef unique mesure 20 m de long et entre 7 m de large au portail et 7,40 m au chœur. Le vaisseau est prolongé d’un chœur et d’une abside semi- circulaire ; une sacristie, reconstruite en 1718, y est accolée[2].

Les ouvertures sont inégales : dans le mur sud, la lumière entre par quatre fenêtres, deux en plein cintre, deux ogivales ; du côté nord, deux arcades en plein cintre ont été obturées et le mur a été épaulé par deux piliers en contreforts. Elles ont vraisemblablement pu s’ouvrir sur une chapelle seigneuriale, mentionnée dans des lettres d’Élisabeth Loisel, marquise de l’Aubépine, qui parle de « la réparation de la couverture de la chapelle [ …] dans l’église de Civry »[3] .

La porte du mur occidental, antérieure d’un siècle, est, malgré des restaurations très contestables du XIXe s., un exemple d’harmonie et d’élégance dans ses formes, spécialement dans les proportions des colonnes aux chapiteaux corinthiens, le profil des moulures et le décor de l’archivolte ornée de deux rangs de modillons en dents de scie sur deux rangs superposés et de dimensions très inégales. Au-dessus, nous trouvons successivement une série de sculptures en forme de feuilles, un listel et un tore décoré d’une plante grimpante, le tout dans un matériau qui rappelle la pierre de Berchères[4].

La suppression des boiseries du XIXe s., un traitement de conservation et la restauration de décors peints, des fragments d’un retable et de trois statues en pierre calcaire polychrome, datant du XVIIe s., ont contribué à une mise en valeur de qualité de l’intérieur de l’édifice.

Pour procéder à la consolidation et la restauration du chœur par la reprise en sous-œuvre des fondations, et à des travaux de charpente et couverture, la Sauvegarde de l’Art français a versé 9 000 € en 2006.

Anne-Marie Joly

 

[1] Paul Montarlot, Journal de l’invasion. Châteaudun (4 sept. 1870-11 mars 1871), Châteaudun, 1871.

[2] Arch. dép. Eure-et-Loir, G 5584.

[3] Abbé E. Mulot, « Notes sur la paroisse de Civry », Bulletins de la Société dunoise, t. IX, 1897-1900, p. 459 (la famille de l’Aubépine possédait des terres à Civry entre 1615 et 1732).

[4] Delcros, «  Restauration du portail de l’église de Civry », Bulletins de la Société dunoise, t. III, 1875-1880, p. 173 et suiv.

 

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