Bourgogne-Franche-Comté, Saône-et-Loire (71)
Ciel, Église Notre-Dame-de-l’Assomption
Édifice
L’église de Ciel, placée sous le vocable de Notre-Dame-de-l’Assomption, était autrefois dépendante de l’abbaye Saint-Pierre de Chalon-sur-Saône.
De style roman, parfaitement orientée, elle présente une architecture homogène. Au cours de son histoire, deux accidents sérieux se sont produits : en 1719, l’effondrement de la voûte et des maçonneries de la nef, provoqué vraisemblablement par la chute d’une partie du clocher et de sa flèche, puis le 20 mai 1902, la ruine quasi complète de la nouvelle flèche en brique frappée par la foudre.
Ce vaste édifice, entièrement voûté, possède une nef de cinq travées, flanquée de deux collatéraux, et un transept non saillant composé d’une croisée de plan carré et de deux croisillons. À l’est, une grande abside semi-circulaire, précédée d’une travée droite de chœur très peu profonde, est encadrée de deux absidioles s’ouvrant sur les croisillons.
La croisée du transept est couverte par une coupole circulaire sur trompes et supporte un puissant clocher carré. La nef, la travée droite du chœur et les croisillons du transept sont voûtés en berceaux légèrement brisés. Les collatéraux ont reçu des voûtes d’arêtes et les absides des voûtes en cul-de-four au profil brisé.
À l’exception des quatre travées occidentales de la nef, de la façade et des murs gouttereaux, reconstruits après 1719, les parties orientales de l’église datent de la fin du XIe ou du tout début du XIIe siècle . Elles sont d’un style roman très pur où l’influence clunisienne est très présente. Cela conforterait l’hypothèse que les commanditaires de cet édifice eurent des rapports étroits, à un titre ou à un autre, avec la grande abbaye bourguignonne. Les parties reconstruites au XVIIIe s. ont préservé l’unité du style de l’église, seule la porte occidentale a une élévation classique.
À l’extérieur, quatre contreforts plats raidissent la maçonnerie de la grande abside et montent jusqu’à sa corniche supérieure. Une rangée de modillons soulage son porte-à-faux ; elle s’appuie sur un cordon mouluré au profil très nerveux. Les volumes du chevet, particulièrement bien équilibrés et ramassés, ainsi que l’élévation puissante du clocher à deux étages sont surmontés, depuis 1877, par une flèche de brique extrêmement aiguë. Les trois pignons qui terminent les croisillons et la travée droite de chœur dépassent fortement le volume des toitures, accompagnant ainsi la verticalité du clocher. L’étage supérieur de celui-ci, abondamment percé sur chaque face par quatre baies, est stabilisé aux angles par la masse de quatre petites pyramides.
L’élévation intérieure de la nef est simple : les piliers de plan cruciforme sont cantonnés de colonnes engagées surmontées de chapiteaux aux corbeilles décorées de feuilles d’acanthe ou de larges feuilles d’eau ; au-dessus des arcades en tiers-point, à double rouleau, un cordon souligne la naissance de la voûte. La nef ne recevant pas directement le jour, il semble peu probable que sa ruine fut provoquée par des causes autres que la chute accidentelle du clocher. La composition architecturale ainsi que les détails de la mise en œuvre, modénature et sculpture en particulier, illustrent une grande maîtrise d’exécution. La coupole de la croisée du transept, de plan circulaire, s’adapte au plan octogonal de la flèche par les trompes d’angle, grâce à une maçonnerie concave du plus bel effet. Cette disposition, peu courante dans l’architecture romane de Bourgogne, est complétée par des coupoles de forme octogonale directement appuyées sur les trompes. Il est à noter que la coupole du grand clocher de la troisième église abbatiale de Cluny possédait cette disposition très sophistiquée ; il est fort probable que le maître d’œuvre connaissait le grand chantier de Cluny III, contemporain de celui de l’église de Ciel. La grande abside est abondamment éclairée par cinq baies en plein cintre s’ouvrant au-dessus d’un mur-bahut, sous une arcature portée par six colonnettes.
La situation du bourg de Ciel dans la plaine de Bresse chalonnaise explique la volonté, au XIXe s., de créer un signal très visible dans le lointain. Ce choix audacieux a entraîné les habitants dans une aventure peu banale ; ils viennent d’écrire un nouveau chapitre de leur histoire en reconstruisant à l’identique la flèche déjà réédifiée en 1903 et qui présentait de sérieux problèmes de conservation. Pour cette opération, la Sauvegarde de l’Art français a apporté une aide de 22 867 € en 2002.
J.-D. S.