Hauts-de-France
Noyon, Cathédrale Notre-Dame, Christ sans croix
Sculpture
La cathédrale Notre-Dame de Noyon, premier édifice religieux gothique du nord de la France, dissimule derrière son austère façade un ensemble mobilier diversifié de grande qualité. Ce Christ sans croix grandeur nature, déposé dans le cloître, était menacé par l’humidité ambiante incompatible avec la conservation du bois.
Une sculpture en bois conservée depuis le XVIIe siècle
Cette figure d’applique sans doute destinée à être accrochée en hauteur est d’une grande finesse de conception, en témoigne l’élongation volontaire de la moitié supérieure du corps par souci de correction optique. Soulignons également l’attention particulière portée à l’anatomie idéalisée du Christ dépendante des modèles antiques. Enfin, le choix d’un bois de chêne ainsi que la présence de polychromie sont les indices d’une œuvre de qualité.
Un Christ de la Contre-Réforme catholique
En 1563, la vingt-cinquième et dernière cession du concile de Trente réaffirme avec vigueur, contre la conception protestante qui la niait, la médiation des images pour communiquer avec Dieu. Dès lors, « les représentations chrétiennes ont surtout pour fin de susciter la piété et de rapprocher de Dieu » (extrait du Traité de Pacheco). Les théologiens assignent à l’art le rôle d’introducteur visible du monde invisible. Cette volonté de capter, de canaliser les sentiments par l’image ne peut se comprendre sans l’aspiration exprimée par un grand nombre de fidèles d’accéder au sacré par les formes du sensible. Le Christ en croix de Noyon répond à cette sensibilité née de la Contre-Réforme par l’attention portée à l’expression de sa souffrance : corps légèrement arqué, tête penchée en direction du fidèle, bouche entrouverte, et yeux mi-clos comme si le Sauveur de l’humanité laissait échapper son dernier souffle.
Une restauration qui était plus qu’urgente
Cette œuvre, digne de collections muséales, fut pendant un temps soustraite au regard des visiteurs du fait de son mauvais état de conservation. Mutilée et fragmentaire, il manquait les bras du Christ et le bois de la croix, elle présentait également de larges fentes au revers et sur le côté gauche ainsi que des traces de pourriture, de piqûres, de vermoulures, de nombreux éclats, et une usure avancée de la couche picturale. L’intervention d’un restaurateur a permis de stabiliser la polychromie originelle et de protéger le bois afin de pouvoir présenter à nouveau ce Christ d’une extraordinaire qualité d’exécution.
Projet mené par Oriane Guineau, étudiante de l’École du Louvre