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La cure de Chepoix était conférée sous l’Ancien Régime par le prieur d’Ivry-le-Temple. Ses titulaires prétendaient être exempts de visite épiscopale. On rapporte l’incident qui survint en 1621 quand l’évêque Augustin Potier trouva porte close devant l’église dont le curé s’était volontairement absenté en emportant les clefs. Ce souci d’autonomie à l’égard de la hiérarchie s’est peut-être manifesté dans l’architecture d’un édifice de dimensions imposantes et d’une grande qualité d’exécution.

Quoi qu’il en soit, l’église Saint-Léger de Chepoix offre un bon témoignage de la vigueur de l’architecture gothique en Picardie durant tout le XVIe s. comme en témoigne le chronogramme 1579 porté au sommet d’un des contreforts. Le fronton du portail est gravé d’une inscription qui en précise la date et le commanditaire, le « Père Germain curé de céans l’an 1650 ».

L’édifice se compose d’une nef de trois travées, bordée au sud seulement d’un collatéral placé dans le prolongement du clocher de façade. Celui-ci construit sur un plan barlong, épaule du côté sud le mur-pignon du frontispice. Un transept légèrement saillant précède le chœur constitué de deux travées étroites et d’une abside à trois pans d’un octogone. Une sacristie ouvre au nord sur la seconde travée du chœur. La généralisation du voûtement d’ogives, dont l’exécution est particulièrement soignée, révèle un chantier ambitieux. L’espace intérieur d’une belle ampleur est éclairé par de vastes baies à plusieurs lancettes, trois dans l’abside, deux sur les flancs, couronnées de remplages décoratifs dans la veine flamboyante. Les voûtes quadripartites, sur la partie droite comme dans l’abside, aux nervures prismatiques, se prolongent sans interruption jusqu’au sol par des faisceaux moulurés engagés dans les murs. Des supports ondulés séparent le vaisseau principal du collatéral sud. À l’extérieur, la multiplication de larmiers à espaces réguliers sur les culées de l’ensemble des contreforts contribue à unifier les volumes de l’église.

Le clocher, laissé inachevé comme l’indique le toit posé sur l’amorce des baies du beffroi, se place dans l’alignement de la façade, dont le mur, quasiment aveugle n’est animé que par un portail au fronton cintré sous un petit oculus dépourvu de remplage. L’essentiel de la plastique murale est assuré par les larmiers qui scandent la façade et le clocher sur toute leur largeur.

Par la rigueur de la composition, fondée sur la répétition de modules et de formes simples, l’église Saint-Léger de Chepoix traduit un haut niveau d’exécution. On peut se demander si le plan barlong de la tour et le collatéral sud avec son toit en pavillon n’ont pas été conçus comme un écho lointain de la cathédrale d’Amiens où les tracés horizontaux sur la façade latérale s’harmonisent avec le côté sud des tours et la double chapelle fondée par le cardinal Jean de La Grange au XIVe s. le long des deux premières travées de la nef.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 45 735 € pour la mise en sécurité du clocher et la stabilisation des maçonneries de la façade ouest.

D. S.

 

Bibliographie :

Précis statistique sur le canton de Breteuil, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, 1843, p. 66-67.

L. Graves, Notice archéologique sur le département de l’Oise, Beauvais, 1856, p. 389.

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