Bourgogne-Franche-Comté, Yonne (89)
Chemilly-sur-Serein, Église Saint-Jean-Baptiste
Édifice
Dédiée à la Décollation de saint Jean-Baptiste et située en bordure de la ville ancienne de Chemilly-sur-Serein, l’église dépendait primitivement du diocèse de Langres. Quant au fief de Chemilly, dont le nom apparaît en 1116 (Cartulaire général de l’Yonne), il relevait du comté de Noyers, possédé notamment par les Mello puis les Budé. L’édifice, de 31 m de long, remonte pour ses parties les plus anciennes au XIIe s., mais fut largement reconstruit au début du XVIe s., dans un style gothique flamboyant, tout en présentant quelques influences de la Renaissance, notamment dans certains éléments du décor sculpté. La fonte d’une cloche en 1513, rapportée par la tradition, est probablement liée à cette importante campagne de travaux. L’église fut ensuite partiellement reprise au XVIIe s. (portail occidental, traces de décors peints et réalisation d’un important mobilier) et au XIXe s. (modifications importantes de la toiture, rehaussement des murs du transept, reprise de plusieurs baies). Le changement de municipalité, en mai 1912, entraîna l’interruption de la procédure de classement entamée quelques mois auparavant. Depuis 1995, et en accord avec l’administration communale, l’association locale, Grain d’Argent, veille au devenir et à la mise en valeur du monument.
Au-delà d’une tour-porche carrée, remaniée sinon élevée pour l’essentiel au XVIIe s., dont le flanc sud est pourvu d’une chapelle baptismale, le monument, entièrement voûté d’ogives, se compose d’une courte nef – trois vaisseaux de trois travées –, d’un transept légèrement saillant et d’un chevet constitué d’une simple abside carrée. Cette partie, la plus ancienne de l’église, conserve encore une baie en plein cintre (fenêtre latérale sud) qui remonte à la construction primitive du XIIe siècle. Il est également probable que les murs gouttereaux de la nef possèdent des éléments appartenant à cette première phase de travaux ; en témoignent les traces d’anciennes fenêtres hautes, actuellement situées dans les combles, au-dessus des voûtes.
Toutefois, l’essentiel de la structure de cette nef et du transept fut reconstruit autour de 1500 : piles fasciculées dépourvues de chapiteaux et canalisant jusqu’au sol les ogives et les nervures des arcs, réseau flamboyant des baies, importance du décor architectural (croisées d’ogives à nervures multiples dans les bras du transept ; petites têtes et culots sculptés marquant la naissance des voûtes et des arcs formerets). Les éléments les plus caractéristiques de ces années 1500, mêlant tradition gothique et éléments italianisants pour le décor, se rencontrent plus particulièrement dans la sculpture des lavabos liturgiques et sur le portail ouvrant sur le flanc nord de l’église.
Parmi les éléments les plus remarquables du mobilier, il convient de citer, outre les nombreuses statues, le maître-autel du XVIIe en bois polychrome, et un coffre peint à bannières de 1634 (classé M.H.).
Les travaux de restauration, pour cet édifice qui ne bénéficie d’aucune protection au titre des Monuments historiques, concernent les charpentes et les couvertures des parties orientales. La Sauvegarde de l’Art français a versé un don de 14 000 € en 2008.
Philippe Plagnieux