Grand Est, Aube (10)
Chavanges, Église Saint-Gengoul de Chasséricourt
Édifice
La commune de Chassericourt, sur le territoire de laquelle se trouve l’église Saint-Gengoul, a fusionné, en 1966, avec celle de Chavanges. L’édifice qui était une succursale de la paroisse d’Arrembécourt, diocèse de Troyes, se compose de deux parties distinctes : le chœur et le transept datent de la première moitié du XVIe s., la nef a été reconstruite en 1783 sur les substructions d’une nef romane. Son auteur, l’architecte Nicolas Durand, collaborateur de Legendre architecte de la province de Champagne, a publié en 1809 un « Parallele des temples anciens, gothiques et modernes ». On lui doit l’hôpital de Langres, l’hôtel de ville de Châlons et la rénovation en style néoclassique de plusieurs églises paroissiales comme Juvigny ou Voigny. Le chœur et le transept s’inscrivent dans le grand mouvement de reconstruction des églises champenoises à la fin du XVe et au début du XVIe s. qui privilégia les chœurs et les transepts, à la charge des décimateurs, au détriment des nefs, à la charge des paroissiens qui n’avaient pas toujours les moyens de les reconstruire.
L’édifice, en croix latine, comprend une nef de trois travées à collatéraux, un transept saillant et un chœur polygonal. Au nord, la déclivité du terrain est compensée par un important soubassement alors que les façades sud du chœur et du transept sont en partie enterrées, ce qui provoque d’importantes remontées d’humidité. La nef est plus large que longue. On y accède, à l’ouest, par un portail néoclassique dont l’arc en plein cintre retombe sur les chapiteaux des pilastres qui encadrent le vantail. L’ensemble est surmonté d’un fronton triangulaire couronné par une croix de pierre. Les angles de cette façade sont harpés par des pierres brunes. Les façades nord et sud sont percées de trois baies rectangulaires. La nef et les bas-côtés ont une couverture unique en tuiles plates. Un petit clocher carré, couvert en ardoise, surmonte la croisée du transept. On y accède par une tourelle polygonale située sur la face ouest du bras nord du transept. Chaque bras de transept est éclairé par deux fenêtres qui ont conservé leurs remplages flamboyants. Leurs façades sont épaulées par de gros contreforts. Les deux contreforts nord sont ornés, dans leur partie haute, de pinacles à crochets. Les murs de l’abside à cinq pans sont percés de cinq fenêtres flamboyantes à deux lancettes. De gros contreforts épaulent l’abside.
La nef néoclassique est couverte d’une voûte lambrissée reposant sur un entablement constitué de deux poutres longitudinales, ornées de denticules, supportées par trois colonnes à chapiteaux toscans. Les bas-côtés sont plafonnés. Deux tirants métalliques maintiennent les murs de la nef. Le transept et le chœur sont voûtés d’ogives à liernes et tiercerons qui retombent directement sur les piles. Le bras nord du transept semble plus récent comme l’indiquent notamment les culots sculptés et le décor du lavabo liturgique. Le chœur est couvert d’une ogive à cinq quartiers.
Les baies du chœur conservent encore, dans les soufflets, les tympans et les parties hautes des lancettes des fragments de vitraux de la première moitié du XVIe siècle. Cet ensemble, complété aux XVIIe et XXe siècles, a été classé monument historique en 1894 et restauré de 1886 à 1904 par Félix Gaudin. Une nouvelle campagne de restauration a eu lieu en 1992 par l’atelier Michel Mauret. La baie d’axe conserve une Résurrection du XVIIe siècle. Les vitraux du premier quart du XVIe s. de la première baie nord du chœur présentent des scènes de la Passion ; on peut rapprocher cette œuvre des vitraux de la Madeleine de Troyes. Sur la seconde baie nord, des phylactères portent les noms de saint Jacques et saint Nicolas ; les fragments conservés de bordures végétales sont en grisaille et jaune d’argent. La première baie sud du chœur, datée du premier tiers du XVIe s., nous a conservé l’image des donateurs présentés par saint Jean-Baptiste et saint François d’Assise, tandis que dans la seconde baie sud figurent des putti et une scène de la vie de saint Nicolas. La fenêtre est du bras nord du transept est ornée d’une Assomption datée de 1529 et d’une Dormition de 1540, celle du bras nord sud du transept d’un fragment du Jugement Dernier.
L’autel et le retable en bois de la chapelle Saint-Nicolas, du XVIIe s., sont classés (1977).
L’édifice a fait l’objet de plusieurs campagnes de restauration aux XIXe et XXe siècles, la chapelle Saint-Nicolas, notamment, a été voûtée entre 1861 et 1862 .
Pour la restauration de la charpente et de la couverture, endommagées par la tempête de 1999, la Sauvegarde de l’Art français a octroyé une subvention de 15 245 € en 2002.
J. M.
Bibliographie :
A. Roserot, Dictionnaire historique de la Champagne méridionale (Aube), des origines à 1790, t. I, Langres, 1942, p. 347-348.
M. Beau, Essai sur l’architecture religieuse de la Champagne méridionale auboise hors Troyes, Troyes, 1991, p. 14, 78-86, 99.
Les vitraux de Champagne-Ardenne, Paris, 1992 (Corpus vitrearum, France. Recensement des vitraux anciens de la France, 4), p. 85-86.