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L’église Saint-Philippe-et-Saint-Jacques est située en contrebas du village et du château qui la domine de sa masse puissante, sur le versant sud-est d’un éperon rocheux. Elle a été édifiée au XVe s., d’un seul jet, comme en témoignent son style et son unité architecturale. Durant cette période, le village connaît un essor important, grâce aux chartes d’affranchissement octroyées à la fin du XIIIe s. par Jean III de Châteauneuf et à la création de foires par le duc Eudes IV au XIVe s. et par le duc de Bourgogne Philippe le Bon en 1459. C’est d’ailleurs à partir de cette époque que l’on possède quelques renseignements sur son histoire.

Un mépart, petit chapitre de cinq chanoines issus du lieu, nommés par les échevins et à la collation du chapitre d’Autun, est fondé dans l’église en 1494. Succursale de l’église de Vandenesse, village proche situé dans la vallée, la paroisse ne sera érigée en cure qu’en 1572. Elle relève alors de l’archiprêtré de Pouilly-en-Auxois et de l’évêché d’Autun, puis du diocèse de Dijon après la Révolution. Enfin, le bras nord de l’église, qui avait servi de chapelle castrale pour les sires de Châteauneuf, jusqu’à la fondation, en 1481, d’un sanctuaire dans l’enceinte du château, par Philippe Pot, chambellan du duc de Bourgogne, abrite la confrérie du Rosaire à partir de 1622.

Entre 1776 et 1786, des réparations furent effectuées par Jacques Vallot, architecte à Dijon : réfection des murs, voûte et couverture de la chapelle située à droite du chœur. En 1779, le clocher fut foudroyé et les cloches fondues dans l’incendie provoqué qui s’ensuivit.

En 1821, le clocher alors en charpente couvert d’un dôme est reconstruit en maçonnerie, avec une flèche surmontée d’un lanternon, qui proviendrait de Pommard. L’architecte Destot dresse en 1847 un projet de restauration comportant une façade néo-gothique, qui ne fut pas réalisé. La sacristie est restaurée en 1859-1860.

 

L’église est bâtie sur un plan orienté en croix latine. Elle est composée d’une nef, dans laquelle on accède par six marches, en raison de la surélévation du sol de l’ancien cimetière qui la bordait côté nord. Sur cette nef de trois travées, voûtées d’ogives dont les nervures pénètrent dans les murs latéraux, viennent se greffer deux chapelles, au niveau de la troisième travée. Une chapelle au nord, d’une travée, est également voûtée d’ogives dont les nervures reposent sur des culots. Deux d’entre eux, placés dans les angles nord-ouest et sud-est, portent les armes de la famille nivernaise de La Croix : « d’azur au poisson d’argent posé en fasce, accompagné de trois besants d’or ». On retrouve les armoiries sur la porte latérale, actuellement murée côté ouest, ou côté du château. La clef de voûte est sculptée d’un fleuron en étoile et sur le piédroit de l’arcade en arc brisé ouvrant sur la nef, on remarque un écusson aux armes d’une famille d’origine vénitienne, les Anguisola, « coupé-émanché de quatre pièces de gueules sur argent », brisées d’un annelet.

La chapelle sud, formée de deux travées voûtées d’ogives retombant sur des culots, a été décorée de peintures murales au pochoir et meublée d’un autel avec retable, complété par une statuaire. Cet ensemble est dû au sculpteur dijonnais Xavier Schanosky, dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

Le chœur à chevet plat, légèrement désaxé au nord, est édifié sur un niveau de soubassement important, en raison de la déclivité du sol. Comme les autres parties de l’édifice, les deux travées dont il est composé sont couvertes d’une voûte sur croisée d’ogives retombant sur des culots. Le décor de peintures murales au pochoir est orné d’éléments végétaux ou de symboles christiques.

Une sacristie a été construite dans l’angle sud-est du chœur et de la chapelle.

À l’extérieur, le linteau de la porte principale, côté ouest, est décoré d’un arc en accolade. Une autre porte latérale, actuellement murée, ouvrait sur la première travée de la nef côté nord. Son linteau, orné d’un arc en accolade et de coquilles, est surmonté d’une niche. L’éclairage est assuré par quatre baies couvertes au profil brisé pour la nef, et à remplages pour les chapelles et le chœur. Les baies de cette partie sont fermées par des vitraux figurés datant du XIXe siècle.

Les murs, épaulés par des contreforts talutés, sont séparés par un cordon mouluré. La nef et les chapelles ont reçu un toit à deux versants. La tour de clocher, construite sur le chœur, éclairée par des jours en archère au premier niveau et par des baies jumelées au second niveau, est surmontée d’une flèche octogonale avec lanternon.

Le mobilier est particulièrement riche. Il est constitué par des statues : Vierge à l’Enfant, en pierre, XIVe s., attribuée à Jean de Marville († à Dijon en 1389) , « imagier des ducs de Bourgogne » ; saint Jean-Baptiste, XVe s., par Guillaume Chandelier († à Dijon vers 1504), auteur du tombeau de Philippe Pot. Le destin de deux statues, saint Philippe et saint Jacques le Majeur du début du XVIe s., mérite d’être mentionné : elles ont été vendues vers 1872 à un antiquaire, puis acquises par lord Camel, châtelain de Chevigny-Saint-Sauveur, qui les rendit à l’église en 1913 ; les consoles aux armes parlantes représentent un chameau. La chaire à prêcher, XVIIIe s., remploie des panneaux sculptés représentant des apôtres, datés de 1538. Les cloches datent de 1583 pour l’une et de 1526 pour l’autre. Cette dernière a été acquise en 1780, lors de la dissolution de l’hôpital du Saint-Esprit de Dijon, par la fabrique de l’église, en remplacement des cloches détruites par la foudre en 1779. Nombreux bâtons de procession, XVIIIe siècle.

Afin de participer à la restauration des façades du clocher, à l’allègement des voûtes et à la consolidation de la charpente, la Sauvegarde de l’art français a accordé un don de 12 000 € en 2008.

 

 

 

Bernard Sonnet

Le projet en images