Nouvelle-Aquitaine, Dordogne (24)
Château-l’Evêque, Église Saint-Jean-Baptiste de Preyssac d’Agonac
Édifice
Église Saint-Jean-Baptiste de Preyssac-d’Agonac. Cette vaste église de hameau de 25 m de long, encadrée au nord d’une maison du XVIe s. et au sud, d’un manoir des XVIe et XVIIe s., a beaucoup souffert. Romane à l’origine, elle a subi, après le saccage des protestants au XVIe s., une ample reconstruction qui a surtout affecté le chœur. En dépit de son extrême délabrement, elle conserve un vif intérêt. Elle se compose d’une nef de deux longues travées voûtées d’un berceau plein cintre, dont le doubleau médian repose sur de simples pilastres sans chapiteau. La stabilité de la voûte est obtenue par la présence à chaque travée d’un arc épais au nord et au sud, formant comme de courts berceaux transversaux qui reposent sur d’épais piliers carrés. Ces derniers sont percés d’un passage en plein cintre parallèle à la nef, souligné – signe d’archaïsme – par des cordons chanfreinés qui ne font pas retour. Les bandeaux sis à la base du berceau principal et au départ des grands arcs latéraux sont en quart de rond, ce qui amène à situer la formation de l’architecte en Limousin, où ce type de mouluration est constant, et où le système de voûtement qu’on vient de décrire se voit entre autres aux nefs de Bénévent-l’Abbaye (Creuse), des Salles-Lavauguyon et Eymouthiers (Haute-Vienne) et de Saint-Gaultier (Indre), alors qu’il est exceptionnel en Périgord. On rappellera que ce mode efficace de contrebutement d’une voûte principale a perduré dans quelques édifices gothiques, l’église Saint-Seurin de Bordeaux, les églises de Barbezieux (Charente), Mimizan (Landes) et Lapaïs (île de Chypre). Le sol roman de l’édifice a été fortement exhaussé, ce qui altère les proportions de l’ensemble, dissimule les bases, met les croix de consécration anciennes presque au niveau du sol et donne aux passages latéraux une hauteur aujourd’hui très réduite. La nef n’a gardé d’ouvertures qu’un oculus à l’ouest, au-dessus du portail, et une fenêtre, qui n’est pas d’origine, dans le gouttereau nord de sa travée orientale. Le mur sud qui lui fait face a été ouvert par une vaste arcade brisée et moulurée qui donne sur une grande chapelle du milieu du XVIe siècle. Sa voûte d’ogives retombe sur des colonnes d’angle que couronnent des chapiteaux aplatis à décor végétal médiocre. Elle s’éclaire dans sa paroi sud par une fenêtre au remplage Renaissance mutilé, à gauche duquel on voit une tablette de pierre soutenue par deux effigies de fous martelées, et, au-dessous, une petite piscine jumelle située presque au ras du sol.
Un mur épais tardif, percé en son milieu d’un arc étroit en plein cintre montant à mi-hauteur, sépare aujourd’hui cette nef d’une travée de chœur très remaniée, formant un rectangle allongé que termine un chevet plat. Le berceau qui la couvre, légèrement brisé, n’est pas d’origine (XVIIe ou XVIIIe s.) et repose à l’est sur deux dosserets couronnés d’un chanfrein. Les murs latéraux portent des traces d’une arcature nue peu épaisse jadis à trois arcs en plein cintre, sur pilastres. Ces derniers reposent sur une banquette enterrée seulement à moitié, ce qui laisse supposer que le chœur était à l’origine assez surélevé par rapport à la nef. Le seul arc subsistant incomplet visible au nord ne possède pas de mouluration et repose sur un court bandeau chanfreiné qui ne fait pas retour au devant des pilastres. Un autre arc incomplet au midi conserve des traces de caissons peints assez grossiers du XVIe ou XVIIe siècle.
L’extérieur, très remanié, est souvent informe. À l’est, la partie haute des gouttereaux du chœur présente des contreforts plats, inégalement larges, peut-être l’amorce d’un clocher primitif disparu. Un arc aveugle déformé se lit sur le mur du chevet, et les traces d’une arcature en plein cintre apparaissent encore sur les gouttereaux nord et sud. On trouve sur les murs de la nef deux inscriptions funéraires martelées, postérieures au Moyen Âge. La chapelle sud est épaulée de petits contreforts diagonaux aux angles. Le remplage de sa baie accuse les années 1550. À l’ouest, la porte romane, dont le tracé se lit de l’intérieur, a été modifiée quand on a bâti au-dessus de la façade un massif clocher barlong à ouvertures inégales, épaulé sur ses angles occidentaux par d’épais contreforts amortis en glacis. On a alors établi entre eux, sous un oculus déjà mentionné, une porte basse en arc légèrement brisé, entre deux arcs latéraux aveugles plus élevés, contemporains de la porte romane.
Le mobilier se réduit à un autel de bois naturel de bon style classique accompagné de son tabernacle et veuf de ses statuettes, et à des fonts baptismaux octogonaux en pierre avec des écus et un angle gravés.
L’église présentant des désordres importants, qui rendaient son utilisation dangereuse, était fermée au public depuis plusieurs années. La Sauvegarde de l’Art français a participé à la restauration du chevet en accordant 5 000 € en 2003.
P. D-N.