Bourgogne-Franche-Comté, Saône-et-Loire (71)
Chassy, Église Saint-Pierre-ès-Liens
Édifice
Église de Chassy, placée sous le vocable de Saint-Pierre ès-Liens, a une histoire mal connue. Son gros œuvre est aisément datable de la première moitié du XIe siècle. Une chapelle a été ajoutée à la fin du XVe (ou au début du XVIe s.) et une sacristie au XIXe.
Une nef unique plafonnée, longue de 16 m sur 7 m, précède une travée droite de chœur, voûtée en plein cintre, supportant un clocher de plan carré. Un chœur à chevet plat semble appartenir à la campagne initiale : sa configuration intérieure semicirculaire, couverte d’une voûte en cul-de-four, est peut-être attribuable aux dispositions anciennes, mais cela sans certitude. La façade occidentale conserve un décor en arêtes de poisson, caractéristique du premier art roman. Deux contreforts peu saillants la renforcent. Le portail occidental, en anse de panier, semble dater du XVIe siècle. Les murs latéraux de la nef, encore enduits, ont sans doute été reconstruits à cette période : le mur nord est percé de deux baies en plein cintre et d’une porte chanfreinée. Une importante campagne de travaux de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe s. entraîna la surélévation du sol de la nef ; le portail fut transformé pour s’adapter à ce changement de niveau, les chaînes d’angle furent réparées et deux nouvelles baies furent ouvertes dans le mur latéral sud. Le clocher peut être daté du XIe siècle. Une ouverture très étroite, fortement ébrasée vers l’intérieur, s’ouvre au nord : le linteau est incisé et simule un arc appareillé. Le massif du clocher est puissant : sa maçonnerie est réalisée en petit appareil sans chaîne d’angle. Une étroite fente, percée sur chacune des faces nord et sud, éclaire la base, alors que l’étage des cloches présente sur ses quatre faces des baies géminées bien dimensionnées. Une simple corniche souligne le comble, qui vient d’être rétabli à quatre pans. Une modification peu esthétique avait réduit, à une époque indéterminée, sa toiture en un toit en bâtière, détruisant sur les faces nord et sud la corniche sommitale. Les arcs en plein cintre des baies retombent sur une seule colonnette, assez fruste. Sur la face ouest, des traces d’incendie témoignent d’un sinistre qui a sans doute altéré profondément la nef romane. La sobriété du clocher n’altère en rien son caractère puissant, apportant dans le paysage vallonné un contrepoint aux tours du château tout proche, qui domine le site de l’église. La chapelle seigneuriale, adossée au sud de la travée du clocher, était vraisemblablement dépendante de la seigneurie voisine. C’est certainement la famille des Choux qui la fit édifier vers 1471. De style gothique flamboyant, cette chapelle est construite sur un plan légèrement barlong, dont les angles extérieurs sont renforcés par des contreforts placés obliquement. Elle est couverte par un haut comble à deux pans dont le pignon sud est aigu.
À l’ouest, une porte précédée par quatre marches permet d’y accéder depuis l’extérieur ; elle était autrefois protégée par un auvent dont seuls subsistent trois corbeaux. Un arc en accolade, orné de crochets en forme de choux, souligne le linteau, aujourd’hui dépourvu de son blason ; il est encadré par deux pinacles aigus. Le registre supérieur de la porte est souligné par une moulure horizontale. Seuls les éléments les plus remarquables de l’architecture comme les contreforts et les encadrements des baies sont réalisés en pierre de taille. À l’intérieur, la chapelle est voûtée sur croisée d’ogives avec un réseau de liernes et de tiercerons ; les clés pendantes ont disparu. Elle est éclairée à l’est par une baie en plein cintre et au sud par une grande baie à remplage dont le motif supérieur dessine une fleur de lys. Cette baie possède encore sa grille en fer forgé avec clous au motif de quatre feuilles, sommée d’un dragon.
Les vitraux représentent les donateurs accompagnés de leur saint patron respectif : Claude Choux et Jeanne Brichard, son épouse, qui semblent prier le calvaire situé dans la baie est. Sur les vitraux figurent également les blasons de la famille ainsi que l’inscription « O, Mater dei, memento mei« .
Une niche liturgique à remplage s’ouvre sur la paroi intérieure de la face sud de la chapelle. Au-dessus de l’autel encore en place, trois statues sont placées sur des corbeaux : une Pietà encadrée par les saints patrons des donateurs. Elles sont d’une très belle facture, caractéristique de l’école bourguignonne de la fin du Moyen Âge.
Pour la restauration du clocher et le rétablissement de sa toiture à quatre pans, et pour les travaux de maçonnerie, charpente et couverture du chœur et de la chapelle sud, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 8 385 € en 2000.
J.-D. S.