Pays de la Loire, Sarthe (72)
Chapelle-Saint-Remy La, Église Saint-Remy
Édifice
Eglise Saint-Remy. De l’église romane supposée, il ne resterait que des substructions dans la nef sur lesquelles nous n’avons aucune indication. Les comptes de la fabrique, qui ont été conservés, nous renseignent en revanche de manière précise sur la construction de l’église actuelle à partir de 1447, après les troubles de la guerre de Cent Ans. En 1534, la fabrique fait construire une flèche couverte de bardeaux sur la partie occidentale de la nef. Au XVIe s., les familles de Fleuré et de Courvalain construisent chacune une chapelle de part et d’autre de la première travée de la nef, formant ainsi en plan un faux transept. On sait, par les archives de la fabrique, que la chapelle des Fleuré est encore inachevée en 1557, au moment où commence la construction de celle des Courvalain. Une importante campagne de restauration qui débuta en 1880 et s’acheva à la fin du siècle fut conduite par l’architecte départemental Vérité, puis par ses successeurs Travaillard et Raoulx. Le chœur fut alors reconstruit, et la sacristie existante agrandie.
Le plan de l’église actuelle est celui d’une croix latine : la nef, relativement étroite, pourrait avoir conservé son plan du XIIe ou XIIIe s., les chapelles forment un vaste transept, une courte travée de chœur se termine par une abside à trois pans. L’église est implantée sur une butte, en déclivité d’ouest en est. La façade occidentale est· confortée par deux épais et courts contreforts d’angle. La façade sud est éclairée par deux fenêtres en plein cintre à feuillure, dont le tracé a été, semble-t-il, modifié au XIXe siècle. La façade occidentale de la chapelle méridionale est percée dans la partie haute d’une fenêtre qui a été murée. Dans l’angle de la nef et de la chapelle s’élève un bâtiment de plan carré abritant un escalier qui permet d’accéder aux combles. Trois hauts contreforts scandent les pans coupés de l’abside dans lesquels ont été ouvertes de hautes fenêtres. Une sacristie a été élevée dans l’angle du chevet et de la chapelle nord. L’intérieur de l’église, unifié par un décor de fausses coupes de pierre, a été fortement marqué par la restauration du siècle dernier.
Les vitraux sont dans leur très grande majorité du XIXe s., à l’exception toutefois de la Crucifixion située dans la chapelle des Fleuré. Ce vitrail, exécuté par le maître-verrier Pierre Gasselin pour René de Maillé, seigneur de Fleuré, a malheureusement été restauré par Stricher en 1889-1890 : les seuls éléments anciens subsistants étant le paysage et la tête de l’évêque ; cependant, il semble que la composition du siècle dernier ait repris celle du XVIe s., ainsi que son iconographie, à l’exclusion des deux donateurs, Eugène de Saint-Remy et Berthe, sa fille, dont les portraits reproduisent à l’évidence deux photographies. Les trois vitraux modernes du chœur ont été exécutés par Fialeix. Ils représentent saint Remy, sainte Marie-Madeleine, sainte Marthe, ainsi que des scènes de la vie du Christ dans le registre inférieur. Une documentation laissée par un érudit local, Menjot d’Elbenne, mentionne l’existence de peintures sur les murs et la voûte de l’abside avant sa reconstruction au XIXe siècle. Ces peintures, qui auraient été datées du début du XVIIe s., étaient attribuées à Jean Besdoyne, peintre à Bonnétable. Les notes et les croquis laissés par Menjot d’Elbenne permettaient d’identifier sur le mur de droite saint Barthélemy, saint Thomas, saint André, saint Pierre, saint Avertin, saint Louis, et, à gauche, saint Jacques le-Majeur, saint Jean, saint Jacques-le-Mineur, saint Paul, saint Eutrope et saint Fiacre. Ces traces ont complètement disparu.
Certains éléments notables du décor mobilier ne sont plus dans l’édifice : ainsi la Pietà polychrome, offerte par les seigneurs de Courvalain à la fin du XVe s., est-elle présentée au musée de Tessé, au Mans. Le mobilier a été intégralement renouvelé après la restauration du XIXe s., ainsi que le trésor qui est l’un des plus importants des églises du canton.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 12 196 € en l’an 2000, pour des reprises de maçonnerie et d’enduits des façades, la couverture en tuiles du transept et la zinguerie de la nef et des chapelles. ·
Fr. B.