Pays de la Loire, Sarthe (72)
Chapelle d’Aligné La, Église Saint-Jean-Baptiste
Édifice
Consacrée à saint Jean-Baptiste, l’église fut donnée vers 1047 aux moines de l’abbaye Saint-Aubin, à Angers, par Agnès, fille de Hugues de Clairvaux et femme en premières noces de Hugues de Durtal, « pour le rachat des fragilités de son premier mari ». Ce don comprenait également « le panage pour leurs porcs et ceux des hommes de leurs domaines voisins ». La Chapelle-d’Aligné était alors située au cœur de la forêt de Malpaire. Elle était rattachée, avec Durtal, au prieuré du Gouis (Maine-et-Loire).
C’est probablement peu après cette donation que l’on construisit la nef et le portail occidental. Ce dernier subsista sans transformation jusqu’au XIXe siècle. Au XVe s., la nef avait été fortement modifiée et prolongée par un chœur et une abside hémicirculaire. La population de La Chapelle-d’Aligné passa de 1132 habitants en 1791 à 1854 en 1851. Dès lors des travaux d’agrandissement s’avéraient indispensables. Deux chapelles formant transept furent édifiées entre 1830 et 1840. Puis la nef fut reconstruite sous la direction successive des architectes Paul Lemesle et Ernest Rodier, tous deux « architectes diocésains ». Pour achever de métamorphoser la modeste église en un sanctuaire digne du rayonnement que l’on entendait donner à la paroisse de La Chapelle-d’Aligné, on construisit un clocher en pierre, achevé en 1879. Les derniers travaux importants furent le remaniement de la charpente par l’architecte diocésain Pascal Vérité. Le portail roman avait disparu lors des travaux du XIXe siècle. L’enduit actuel du chœur dissimule de fort importants restes de peintures murales, comme le montre la figure de saint Michel que l’on a maladroitement et très malencontreusement tenté de dégager pour en prendre une photo, au risque de la dégrader.
L’élément le plus remarquable de l’église est probablement le retable du maître-autel exécuté par Michel Langlois, sculpteur lavallois. Comment une œuvre aussi impressionnante par son ampleur et par les très grandes qualités artistiques dont elle témoigne, peut-elle se trouver dans un édifice rural ? Ce retable aurait été offert par Nicolas Le Manceau, curé de la paroisse en 1658, date relevée non seulement sur la toile, mais aussi sur le socle du panier du sommet du fronton central. Au centre du retable, une toile, signée en bas à gauche par Rodolphe Score, figure le Baptême du Christ d’après l’Albane. En haut du fronton du retable, Dieu le Père, sculpté en haut relief, bénit la scène en disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé, dans lequel j’ai mis toute mon affection (Math. III, 17). Les niches latérales abritent une statue de saint Jean-Baptiste, le saint patron de l’église, que l’on reconnaît à sa tunique en peau de chameau. L’artiste lui a donné l’apparence du Christ, il en est la préfiguration [ Il en vient après moi un autre qui est plus puissant que moi (…) pour moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; mais pour lui, il vous baptisera dans le Saint-Esprit (Marc, 1,7-8)]. Dans l’autre niche se trouve une statue de saint Pierre, incarnation du magistère de l’Église. Si le tabernacle en pierre date du XVIIe s., l’autel, lui, a été remplacé au XIXe siècle.
Le peintre Rodolphe Score, artiste angevin de la paroisse Sainte-Croix, était, à l’époque de la commande, un peintre fort en vogue. Artiste favori des maires d’Angers, il était le parrain de Pierre, fils du grand sculpteur Pierre Biardeau, artiste d’origine mancelle, installé à Angers. On ne connaît pas d’autres œuvres subsistantes de cet artiste.
Deux autres peintures, figurant L’institution du Rosaire et Saint Michel terrassant le dragon d’après l’œuvre de Guido Reni, ne sont pas sans mérite malgré leur mauvais état.
L’église possède également une statue de Vierge à l’Enfant en pierre calcaire, de la fin du XVe siècle. La Vierge tient un petit bouquet de fleurs tandis que l’Enfant Jésus bénit d’une main tout en caressant la colombe qui s’est réfugiée contre lui. L’œuvre séduit malgré un empâtement des traits dû à un lourd repeint du XIXe siècle. Autrefois dans la chapelle du château de Coulon, elle fut offerte à l’église probablement en 1903, lorsque cette chapelle fut démolie.
L’église de La Chapelle-d’Aligné présente un contraste singulier entre une architecture restaurée au XIXe s. et un mobilier intérieur du XVIIe siècle.
En 2003, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 3 000 € pour la réfection du chevet de l’édifice, maçonnerie et couverture.
J. G.