Île-de-France, Paris (75)
Paris, église Notre-Dame-de-Compassion, Cénotaphe du duc d’Orléans
Sculpture
Cette œuvre a bénéficié d’un généreux mécénat du Crédit Agricole – Ile de France dans le cadre de la campagne du Plus Grand Musée de France pour sa restauration.
UN tragique accident
Le 13 juillet 1842, à 11h50, un tragique accident de cabriolet provoque la mort de l’héritier royal, le prince Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans. À l’endroit exact de la collision, boulevard Pershing, s’élève bientôt un petit édicule en croix grecque dont les travaux sont confiés à Pierre-Bernard Lefranc sur les dessins de l’architecte Pierre-François-Léonard Fontaine, pour faire office de chapelle commémorative. Afin d’orner richement la chapelle, de nombreuses commandes sont passées aux artistes proches de la famille royale.
L’édifice
Une mise en scène symbolique est déployée dans tous les recoins de l’édifice. Ingres effectue quinze cartons peints à l’huile sur toile pour des vitraux figurant en saints les membres de la famille royale. Les dessins des bordures et des pinacles sont de la main de Chenavard et de Viollet-le-Duc. L’autel de la Vierge est disposé à l’endroit exact où le duc d’Orléans est mort, selon les souhaits de sa mère. C’est au sculpteur romantique Henri de Triqueti (1804-1874), célèbre pour les portes en bronze de l’église de la Madeleine qu’il vient d’achever en 1841, que l’on commande le cénotaphe en marbre représentant le prince agonisant. Le dessin du tombeau est esquissé par Ary Scheffer, maître de Marie d’Orléans, la sœur du défunt. Talentueuse sculptrice, c’est elle qui réalise l’ange en prière du cénotaphe, au-dessus du prince.
L’oeuvre
La maquette à grandeur d’exécution conservée au Musée Girodet de Montargis et l’œuvre finale soulignent bien que Triqueti et Scheffer privilégient la sobriété du monument, en donnant au prince la position d’un homme en train de mourir, le torse découvert et la bouche entrouverte. Les traits du visage sont fidèles à ceux du prince, que l’on connaît par le très beau portrait d’Ingres (1842, huile sur toile, musée du Louvre). La composition frappe le visiteur tandis que la douleur des anges vient faire écho à celle de la famille. Comme l’écrivait Sylvain Bellanger, on peut lire dans ce marbre de carrare « un chef[1]d’œuvre de la sculpture romantique ». Lors des manifestations de 1870, les vitraux et les statues sont déposés pour les protéger de tout acte malveillant. Le cénotaphe ne reviendra qu’après le déplacement de la chapelle, du boulevard Pershing à son emplacement actuel, boulevard d’Aurelle de Paladines. La chapelle, désormais de la Compassion, est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 21 janvier 1929.
UNE RESTAURATION nécéssaire
Empoussiérée et encrassée, la sculpture présentait des coulures de cire, qui, si elles réinsistaient sur le caractère tout à fait vivant de ce patrimoine, n’en étaient pas moins des témoins qui portent atteinte au cénotaphe. Quant au socle, il présentait d’anciens joints de comblement disgracieux. Sa restauration a permis de retrouver une lecture totale de cette œuvre essentielle.
Lili Davenas, Élève conservateur du patrimoine l’INP, spécialité Monuments historiques et Inventaire
Le projet en images
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