Nouvelle-Aquitaine, Landes (40)
Carcarès-Sainte-Croix, Église Saint-Pierre-ès-Liens
Édifice
Eglise Saint-Pierre-aux-Liens. Le hameau de Sainte-Croix est implanté sur une terrasse qui domine la vallée de la Midouze, site particulièrement remarquable qui a été successivement occupé par un camp, du type « escarpement encerclé », puis par une motte féodale, enfin par un château qui fut l’un des sites fortifiés établis par la vicomté de Tartas le long de cette vallée pour protéger la forteresse de Tartas. Le lieu est mentionné pour la première fois en 1225 à propos de l’octroi d’un droit de péage par Henri III d’Angleterre à Othon et Arnaud de Benquet. La chapelle castrale ancienne, sur laquelle nous sommes peu documentés, fut peut-être fortifiée au XIVe s., mais à coup sûr elle fut ruinée par le passage des troupes de Montgomery en 1569. Restaurée, elle devint l’église paroissiale de Meilhan-Sainte-Croix jusqu’en 1774, date à laquelle l’église de Meilhan fut érigée en succursale. En 1841, Sainte-Croix fut rattachée à Carcarès. L’église est située à quelques mètres du site castral, elle est entourée du cimetière. On peut supposer que le plan primitif comportait une nef unique de trois travées et une abside hémi circulaire. Elle fut agrandie, au XVIIIe s., d’un collatéral au nord et d’un porche à l’ouest. Au XIXe s. lui furent ajoutés au sud un avant-porche et une sacristie.
La partie ancienne est construite en moyen appareil de calcaire tandis que les adjonctions des siècles suivants sont en moellons enduits, mais on observe entre la deuxième et la troisième travée une sensible différence qui pourrait s’expliquer par un premier agrandissement de l’édifice, à la fin du XVIe s. ou au début du XVIIe s., la partie est correspondant à la partie plus récente.
L’entrée principale se fait au sud sous un avant-porche, qui constituait intérieurement une petite salle carrée entourée d’une banquette, sous laquelle était abrité le corbillard, et qui devait servir de lieu de réunion pour les familles de la paroisse, notamment lors des enterrements : disposition analogue à celle notamment de l’emban dans le Gers ou du caquetoire dans la vallée de la Loire. Cet avant-porche, qui était en très mauvais état de conservation, a été récemment reconstruit. Au-dessus de l’avant-porche, dans la partie occidentale du mur sud, un rang de corbelets, situés à un mètre environ sous la retombée du toit, a permis de supposer que l’église a été fortifiée. Sous la première baie, on reconnaît le tracé d’une porte bouchée en plein cintre. Au milieu de cette façade, un enfeu rudimentaire abritant l’urne funéraire des curés de Sainte-Croix a été retrouvé lors des travaux du XIXe siècle ; une inscription en rappelle la mémoire.
À l’ouest, le mur-pignon est percé d’une baie qui conserve sa cloche, datée de 1803. Sous le porche occidental s’ouvre le portail de l’église, en pierre, dont l’arc chanfreiné est légèrement brisé ; le porche communique avec l’avant-porche sud par une porte surbaissée et du côté nord par une petite porte en arc segmentaire chanfreiné.
Les ouvertures en arc segmenté de la façade nord semblent tardives ; on observe dans la partie occidentale de cette façade la présence de corbelets analogues à ceux de la façade sud. L’intérieur de l’édifice était couvert d’une voûte lambrissée, mais le lambris a été démonté en raison de son mauvais état. Un autel avec retable néo-classique, représentant l’Assomption de la Vierge, orne l’abside. Demeurent dans le chœur des enduits superposés, à la chronologie indécise. Dans la deuxième travée nord de la nef apparaît encore la figure d’un martyr tenant une palme, qui pourrait dater du XVIIe siècle. Les décors les plus récents étaient géométriques. Sous la tribune, du côté sud, subsiste la trace d’une litre funéraire, non identifiable. Le décor du collatéral date du XIXe s., le tableau placé au-dessus de l’autel représente saint Bertin, deuxième patron de l’église, qui était invoqué par les passeurs et dont la présence s’explique sans doute par l’importance du passage sur la Midouze, à la hauteur de Carcarès.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2000 une subvention de 22 867 € pour la confortation du mur sud et du mur est de la nef, pour celle de l’abside, du porche d’entrée, ainsi que pour des reprises de charpente et de couverture sur l’ensemble de l’édifice.
Fr. B.