Provence-Alpes-Côte d’Azur
Coaraze, Place Saint-Jean, Le python et sa couronne en vert et or
Objet d’art
Situé dans un petit village à 40 minutes de Nice, Coaraze, ce cadran solaire en céramique a été réalisé en 1961 par Henri Goetz, un artiste illustrateur d’origine américaine.
Le cadran a été conçu par l’atelier de Vallauris, connu à la fin du XIXème siècle pour son industrie culinaire, et dans les années cinquante pour des souvenirs de la Côte d’Azur. Il est surtout entré dans les esprits des amateurs grâce à l’arrivée d’artistes dans les années d’après-guerre, comme Picasso, et son oeuvre en céramique la plus célèbre Guerre et paix :
En 1960, le maire-poète Paul Mari initie avec son ami Jean Cocteau et le céramiste Gilbert Valentin l’idée de douze cadrans solaires qui orneraient Coaraze, connu comme « village du soleil ».
Ainsi, six cadrans sont réalisés dans ces années (par Jean Cocteau, Mona Christie, Gilbert Valentin, Douking, Henri Goetz, et Angel Ponce de Léon).
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Il faut attendre 2008 pour que, sur l’initiative du nouveau maire, Michel Péglion, le projet soit complété: six nouveaux cadrans sont venus compléter la collection. Cette nouvelle génération a été réalisée par des enfants du pays, à l’exemple de Fabienne Barre, photographe d’Aix en Provence, ou de Ben, qui joue avec un proverbe occitan, « le temps passe, passe le bien/ben »:
Henri Goetz, né Harry Bernard Goetz (1909-1989)
Goetz, un artiste américain, est par sa formation peintre illustrateur. Pour autant, il s’essaiera à différentes formes d’art, comme le prouve ce cadran.
Après un passage par la formation académique aux États-Unis, puis à Paris, il découvre le surréalisme. À l’instar de beaucoup d’artistes de l’époque, il va explorer différentes formes d’art et de nouvelles formes d’expression. C’est pourquoi son oeuvre est aujourd’hui considérée comme une importante innovation. La période où Cocteau va l’appeler pour la réalisation du cadran est désignée comme « lyrique ». Cette courte étape entre 1954 et 1960 marque la transition entre le surréalisme et l’abstrait. Il y change son rapport à la lumière, au trait. Il continuera à s’intéresser à l’art abstrait jusqu’à sa mort en 1989, notamment à travers ses pastels. Le courant de l’abstraction lyrique s’est développé durant l’après-guerre, dans la recherche de l’expression directe des sentiments par l’artiste.
Le cadran « Le python et sa couronne en vert et or »
Le cadran solaire de Goetz illustre une scène mythologique. On y voit représenté le Python de Delphes, enfant de Gaïa selon la mythologie grecque, tué par le dieu Apollon. Ce choix s’inscrit dans une longue tradition artistique, la mythologie ayant toujours inspiré les peintres ou sculpteurs. Boeckhorst par exemple proposa une interprétation très classique de la scène, au dix-septième siècle.
Il est intéressant de noter que les douze artistes étaient libres dans le choix de leur sujet. De part le style de l’oeuvre, il est difficile d’affirmer avec certitude la signification de chaque élément, nous vous en proposons donc une lecture, qui évoluera probablement dans les prochaines années.
Au centre du cadran, au dessous du gnomon (la baguette donnant l’heure par son ombre), « la couronne en vert et or » qui a donné son nom à l’oeuvre. Ces deux couleurs, le vert et le doré, sont prédominantes dans le cadran. Elles nécessiteront peut-être d’être relevées. On devine la forme du serpent doré sur la droite, qui accompagne les chiffres romains en métal. Ces chiffres sont en relief, fixés sur la céramique. Contrairement aux cadrans classiques, aucune ligne ne relie le centre aux différents chiffres, qui vont de huit à dix-sept.
Le cadran était très abimé, il manquait de la couleur par endroits. La lecture de l’oeuvre en était donc perturbée. Cette restauration a nécessité l’intervention des ateliers de Vallauris, où le cadran a été conçu.
Cette dégradation est notamment due aux feux de la Saint-Jean, fêtée chaque 24 juin sur la place du même nom.
Projet mené par Evelyne To, Laure Bouquier, Hanna El Shammaa, Cindy Jinglair, Hugo Roche Poggi, Sofia Smyej, étudiants à Sciences Po Menton