Normandie, Seine-Maritime (76)
Bures-en-Bray, Église Saint-Etienne-Saint-Aignan
Édifice
L’église de Bures-en-Bray, dédiée à saint Étienne et à saint Aignan, présente, en dépit des dommages qu’elle a subis lors de la dernière guerre, un intérêt très certain. Une dédicace placée sur la pile de gauche à l’entrée du chœur mentionne la consécration de l’église en 1168 par Rotrou, archevêque de Rouen, et permet, semble-t-il, de dater les parties les plus anciennes de l’église du XIIe siècle. La paroisse constituait encore au XIIIe s. un des sept doyennés de l’archidiaconé d’Eu et était le siège d’un prieuré dépendant de l’abbaye du Bec-Hellouin qui semble avoir été fondé par les ducs de Normandie. Cependant la principale campagne de travaux fut menée au cours du XIIIe s. ; elle fut complétée aux siècles suivants, aux XVIe et XVIIIe, par des restaurations importantes. C’est notamment en 1784 que le clocher fut en partie reconstruit et que ses façades sud et ouest furent reprises en brique ; un des projets avait proposé de réédifier une nouvelle tour carrée « qui ne sera que d’environ un tiers de la hauteur de celle qui existe actuellement ». Une campagne importante de restauration eut lieu au XIXe s. ; on refit alors les couvertures. Les destructions de la dernière guerre au cours de laquelle disparurent la façade occidentale et la première travée de la nef, contraignirent à une reprise totale de ces parties en 1952, sous la direction de l’architecte Georges Perray. Le porche de charpente appartient à cette dernière campagne. En forme de croix latine, l’édifice se compose d’une nef à vaisseau unique, d’un transept dont chacun des bras est occupé par une chapelle, de dimensions plus importantes au nord qu’au sud, et d’ un chœur de deux travées droites se terminant par un chevet plat. Un important clocher de plan carré domine la croisée du transept. Il est surmonté d’une flèche de charpente en forme torse ou hélicoïdale et constitue un spécimen intéressant parmi les exemples en nombre limité recensés en France. Ce travail a été réalisé lors de la campagne de restauration des maçonneries et de la charpente du clocher vers 1783 ; il constituait peut-être une reprise d’un ouvrage antérieur. Les différents matériaux utilisés, pierres, moellons, briques, révèlent les interventions successives au cours des siècles. On remarquera entre autres plusieurs types d’ouvertures dont certaines datent du XIIIe siècle. À l’intérieur, tandis que le chœur et le transept sont voûtés sur croisées d’ogives, la nef, elle, est couverte d’une voûte en charpente lambrissée dont les caissons soigneusement moulurés laissent à penser qu’ils ont été conçus pour un décor peint qui ne fut jamais réalisé, à moins qu’il n’ait disparu. Elle fut entre autres restaurée en 1834. L’abbé Cochet signalait dans son Répertoire archéologique la présence dans le chœur d’arcades et de sièges en pierre. L’église renferme un mobilier particulièrement intéressant, comme ce relief en pierre polychrome sur le thème de l’Assomption qui forme le décor de l’autel de la Vierge dans la chapelle du transept (XVe-:XVIe s.). On remarquera en particulier les anges musiciens qui accompagnent l’Ascension de la Vierge. À l’intérieur d’un enfeu sculpté dans le mur de la chapelle, repose, sous un dais en accolade, une Mise au tombeau de grande qualité, du XVIe siècle. L’ensemble fut restauré en 1846. Le dallage de carreaux vernissés attire aussi l’attention. Mais il semble d’après les descriptions de l’abbé Decorde que ces derniers aient été achetés en 1856 et qu’ils aient alors fait l’objet d’un remontage. Les fonts baptismaux ont été restaurés au milieu du XIXe s. : la cuve a alors été surmontée d’une pyramide qui provient d’un ancien tabernacle. Pour la restauration du clocher, tant au niveau de la maçonnerie que de la charpente ou de la couverture, la Sauvegarde de l’Art français a octroyé une subvention de 250 000 F en 1998.
- G.-C