Auvergne-Rhône-Alpes, Ain (01)
Buellas, Église Saint-Martin
Édifice
L’église Saint-Martin, dont le vocable est un indice d’ancienneté, dépendait des seigneurs de Bâgé. Ceux-ci la cédèrent, avant 1059, à l’abbaye de Tournus qui y fonda un prieuré.
Dans son état actuel, l’église paraît dater de la fin du XIe s. ou du début du XIIe, avec quelques transformations au XVe, époque de reconstruction de sa façade, et au XIXe s., avec l’arasement de son clocher (1793) et la reconstruction de celui-ci de 1845 à 1848.
L’église est précédée d’un porche ou « galonnière » en charpente, daté de 1498, typique des anciennes églises de la Bresse et des Dombes. La façade, percée d’un portail en tiers-point, a été reconstruite en 1421-1422 ; elle conserve des restes d’inscription romane, en remploi, dans l’angle nord (ancien tympan ?), et les vestiges d’un rare décor peint à faux joints, qui subsistent de part et d’autre du portail, protégés par la galonnière.
La nef romane, de 16,70 m de long sur 7,40 m de large, maintenant plafonnée, ne fut couverte, jusqu’en 1836, que d’une simple toiture à charpente apparente. Les anciennes fenêtres romanes, très étroites et haut placées, ont été murées à une date relativement récente au profit de baies plus larges (on voit très bien ces anciennes fenêtres à l’extérieur, dans le mur sud). Sur la nef s’ouvrait, au sud, une chapelle latérale, maintenant détruite, mais dont on voit encore à l’extérieur l’arc muré. Elle appartenait au seigneur de La Teyssonnière qui l’avait fondée, sous le vocable de Sainte-Catherine, vers le XVe siècle.
La travée de chœur qui sépare la nef de l’abside, de plan carré, est couverte par une coupole sur trompes. Cette partie a été considérablement renforcée (poutre en béton et chaînage) pour supporter le clocher. Celui-ci, un peu disproportionné par rapport à l’édifice, est surmonté d’une flèche élevée.
L’abside semi-circulaire, typiquement romane, voûtée en cul-de-four, est la partie de l’église la plus intéressante pour la décoration. Extérieurement, on notera la sobriété du mur de galets tempérée par la présence des pierres d’encadrement des fenêtres dont la partie supérieure est ornée de bas-reliefs ornés de fleurons. l’intérieur, le fond de l’abside est décoré, comme dans plusieurs autres églises de la région, de sept arcs, tantôt larges tantôt étroits, portés par des colonnettes et des chapiteaux richement sculptés de feuillages, d’animaux et de personnages.
Parmi le mobilier, on remarque une Vierge à l’Enfant en bois, particulièrement vénérée ; il s’agit toutefois d’une œuvre récente (XIXe siècle). Seuls la tête et le buste sont sculptés : les habits masquent le bâti en bois qui les supporte. Mais on notera surtout deux belles œuvres en pierre polychrome du début du XVIe siècle : une Vierge de pitié ou Pietà et un Saint Roch, témoins des cultes suscités par les épidémies de peste qui sévirent localement vers 1510. Un Christ en croix ancien est placé sur la poutre de gloire moderne.
Pour la restauration des façades et des toitures du chevet et du clocher, la Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2004 une aide de 8 000 €.
Paul Cattin